Intervention de François Vergniolle de Chantal

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 10h30
Commission des affaires étrangères

François Vergniolle de Chantal, professeur des universités et membre du laboratoire de recherche sur les cultures anglophones (LARCA) :

Je répondrai d'abord à la question relative aux mouvements sociaux. Les États-Unis sont le lieu d'un activisme citoyen extrêmement fort et développé, qui se retrouve au niveau des syndicats, de la mobilisation des communautés raciales – pour prendre un vocabulaire américain –, des mouvements féministes. J'en tirerai donc une conclusion légèrement différente de celle de Mme Bacharan sur l'état de la démocratie américaine. Au regard de cet activisme citoyen, je ne pense pas que la démocratie américaine soit véritablement menacée. Les citoyens sont désireux de prendre leurs propres droits en main et de les défendre. Je ne vois pas une démocratie en crise avec un contexte d'activisme citoyen de ce genre. Bien entendu, si nous en arrivions à une situation de combats de rue, mon point de vue serait différent. Pour l'instant, nous assistons à une mobilisation citoyenne entièrement pacifique, qui parle de manière positive de l'état de la démocratie américaine.

De tous temps, les troisièmes voies ont toujours été nombreuses aux États-Unis. Les candidats indépendants ont toujours existé. On en comptait 25 ou 30 en 2016. Cela dit, le système ne permet pas véritablement à ces candidats indépendants de faire valoir leurs idées. Pour ce cycle de 2024, on parle beaucoup de Robert Kennedy mais il n'est présent que sur les bulletins de trois ou quatre États. Le système est très compliqué, puisqu'il s'agit d'un système fédéral où chaque État à ses propres dispositions, son propre calendrier. Pour gérer cette hétérogénéité, un candidat a besoin d'une équipe, qui coûte nécessairement de l'argent. On en revient donc à la question du financement des élections.

Dans le contexte américain, le plus simple, pour un candidat « indépendant » et « contestataire », est de faire de l'entrisme dans l'un des deux grands partis, comme Trump en 2016 et Obama en 2008. Les deux partis sont en effet relativement faibles. Les barrières à l'entrée ne sont pas très élevées et les primaires sont faciles à intégrer. C'est la voie gagnante, qui a fonctionné pour Obama et Trump.

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