La question revient à savoir si une victoire de Joe Biden ne modifierait finalement que peu l'engagement ou le désengagement américain en Europe. J'en profite pour rebondir à propos de l'isolationnisme américain. L'isolationnisme, c'est le vieux rêve de l'Amérique, le rêve fondateur. On s'éloigne du monde, de l'Europe avec tous ses drames, pour rester bien à l'abri entre deux océans. Cela reste un fantasme. Les drames européens ont toujours ramené les États-Unis en Europe, en 1917, en 1941. Ne serait-ce qu'au plan de la prospérité commerciale, de la nécessité d'une stabilité d'une grande partie de la planète au profit du commerce et de la préservation de la démocratie, l'isolationnisme restera un fantasme.
Une victoire de Donald Trump signifierait une grande déstabilisation de ce sur quoi on peut compter en matière internationale mais, sur ce plan, les Américains, qui peuvent souhaiter l'isolationnisme, ne le suivent pas. Ils ont tout de même conscience que la Russie est une puissance menaçante. C'est l'ancienne Union soviétique, l'ennemi de la guerre froide. La mort tragique et toute récente d'Alexeï Navalny a rappelé ce qu'était la Russie de Vladimir Poutine. Selon un sondage, 86 % des Américains désapprouvent totalement la remarque de Donald Trump concernant la possibilité de laisser la Russie agir comme bon lui semble face aux alliés de l'OTAN n'honorant pas leurs engagements financiers.
Si Joe Biden était réélu, je pense que l'engagement américain en Europe resterait fort. Le rôle de l'industrie de l'armement américaine est très compliqué dans cette affaire. D'un côté, les gouvernements appellent l'Europe – à juste titre – à se prendre en main. De l'autre, le complexe militaro-industriel se précipite pour vendre son propre matériel à tous les pays de l'OTAN qui l'acceptent. Sur ce plan, tout n'est pas aligné entre l'industrie militaire et le gouvernement des États-Unis.