Je reviendrai sur la raison pour laquelle les électeurs de Trump continuent à lui être fidèles. Dans mon propos liminaire, j'indiquais que ces électeurs ont l'impression que la démocratie américaine leur a été dérobée, volée et qu'elle est manipulée par les élites démocrates. Nous sommes dans un discours très proche de la conspiration – je ne sais pas si c'est le bon terme –, de la dénonciation d'une conspiration. Plus l'on nie l'existence d'une conspiration, plus c'est la preuve que l'on est membre ou que l'on participe de cette conspiration. Je n'ai donc pas d'explication rationnelle sur le soutien des électeurs de Trump.
Cela dit, le charisme de Donald Trump n'est pas non plus à négliger dans cette réaction des électeurs trumpistes. On se demande souvent si le trumpisme se maintiendrait avec le départ de Trump, sachant qu'il s'agit de sa dernière campagne et que le champ sera complètement différent en 2028. Pour ma part, j'ai l'impression que la légitimité charismatique – comme le disait Weber – compte. Trump est un leader, qui peut se permettre des choses qui passent avec ses électeurs.
Un autre représentant d'une droite extrême aux États-Unis ne serait pas en mesure de mobiliser autant et aussi bien que Trump. Par exemple, Ron DeSantis, candidat de Floride, a repris exactement les mêmes arguments que Trump et se positionnait comme un Trump respectable, sortable, jeune, en mettant l'accent sur la dénonciation du wokisme supposé des élites académiques. Autant de thèmes que Trump a repris et mis en avant, mais Ron DeSantis, qui manque totalement de charisme, s'est heurté à une absence totale de mobilisation.
Je suis prêt à croire que le trumpisme se nourrit de grandes évolutions sociologiques, de tendances lourdes, puisqu'il existe effectivement une Amérique périphérique qui se sent délaissée et non prise en compte. Néanmoins, le rôle du leader charismatique est à mon sens déterminant. Je ne suis donc pas sûr de voir un trumpisme sans Trump.