Les élections américaines qui auront lieu dans six mois s'annoncent capitales pour le monde, puisqu'elles peuvent être considérées, à juste titre, comme un sommet du grand affrontement idéologique qui s'accentue depuis plusieurs décennies : le conflit entre les défenseurs de la Nation, des racines, de la civilisation occidentale et de ses traditions, d'une part, et les partisans du village monde globalisé et déraciné, d'autre part. Ici comme là-bas, tout le monde l'a parfaitement compris : cette élection emportera des répercussions considérables sur la direction que prendra le monde pour le reste du XXIe siècle.
L'élection de 2020, qui s'était déroulée dans un contexte déjà très tendu et sujet à de nombreuses polémiques, ne sera certainement qu'une pâle répétition de ce qui se produira dans les six prochains mois, et ce quel que soit le vainqueur. On le voit bien, il s'agit d'une opposition sans merci où tous les coups sont permis sur le plan médiatique, politique et judiciaire pour l'emporter. La confrontation des deux Amériques, celle de Donald Trump et celle de l'establishment de Washington, n'a évidemment pas vocation à être résolue et elle se poursuivra avec une intensité toujours accrue après le 5 novembre.
Dans cet affrontement, le président Trump semble partir avec une longueur d'avance si l'on en croit les sondages d'opinion, qui lui sont pourtant traditionnellement défavorables. La capacité de Trump à conserver et mobiliser son électorat dans les swing states ouvriers de la Rust Belt et sa résilience – unique dans l'histoire des démocraties occidentales – face à toutes les attaques depuis bientôt dix ans lui permettent encore, contre toute attente, de pouvoir briguer un nouveau mandat à la Maison Blanche. Alors que Joe Biden est en difficulté du fait de son affaiblissement physique et de la contestation de son aile gauche sur la question palestinienne, la puissance politique intacte de Donald Trump reste aux yeux des médias et des commentateurs comme la grande énigme politique de notre époque. Nous le voyons bien encore dans cette commission avec nos trois invités, spécialistes des questions américaines, qui pour certains affichent un tropisme pro-démocrate particulièrement marqué.
La grande question demeure : pourquoi les électeurs américains continuent-ils à vouloir de Trump envers et contre tout et pourquoi se refusent-ils à écouter les médias et la sagesse des grands pontifes du prêt-à-penser et des membres de la vieille classe politique qui leur veulent tant de bien ? Je crois que la réponse est dans la question.