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Intervention de Jean-Éric Branaa

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'Université Paris-Assas et au centre Thucydide :

La Cour suprême protège la Constitution, qui stipule que les États fédérés sont soumis à l'autorité de l'État fédéral. Or, dans les procès dont vous parliez, c'est-à-dire les procédures engagées dans le Colorado, dans le Maine ou dans l'Illinois, le vice de forme était évident, puisqu'il s'agissait, pour les États fédérés, de prendre un droit qu'ils n'avaient pas et de faire prévaloir leurs décisions sur celles de la Fédération. Bien entendu, la Cour suprême ne pouvait pas donner une autre réponse que celle qu'elle a donnée.

Le même jour, la Cour suprême prenait une décision contre les républicains – si tant est qu'elle ait pris une décision en leur faveur – et contre l'État de Louisiane, qui avait décidé d'envoyer sa police à la frontière pour aider le gouverneur Abbott, là encore contre l'autorité fédérale, puisque la gestion des frontières est une compétence fédérale qui revient à M. Biden. Elle a rendu exactement la même décision, comme elle en a l'habitude. C'est important de rester sur les grands principes.

Vous demandiez si la décision de la Cour suprême concernant l'avortement pouvait ou non influencer le vote féminin. Cette question porte sur le vote genré, qui fait depuis longtemps l'objet de débats quant à son existence. Pour ma part, je prétends qu'il n'existe pas et qu'il est absurde de prétendre le contraire. Donald Trump a été élu par 52 % des femmes blanches ; on ne peut donc pas dire que les femmes étaient particulièrement contre lui, alors que l'on sait ce qu'il pense du droit des femmes et de la manière de les respecter – je clos là le débat sur ce point, chacun pense ce qu'il veut. En revanche, 83 % des femmes afro-américaines et 86 % des femmes hispaniques ont voté contre Donald Trump. On voit donc bien qu'il n'existe pas de vote genré mais un vote racial, ce qui est différent.

Soyons donc prudents lorsque l'on joue avec des concepts en tentant de faire croire des choses qui n'existent pas. Les femmes ne votent pas parce qu'elles ont un vagin, en tant que groupe, mais elles votent avec leur cerveau, comme les autres. Cela me convient très bien et je considère que les manipulations de chiffres et de concepts confinent à des clivages excessifs, l'excès étant toujours à combattre.

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