Intervention de Philippe Gros

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Philippe Gros, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), coordinateur de l'Observatoire des conflits futurs :

Je souscris à ce qui vient d'être dit. J'ajoute que les actions informationnelles russes sont bien relayées en France à la faveur d'une forte connexion avec une minorité de la population très sensible aux thématiques dites « anti-système ». Les Russes ne l'ignorent pas et savent s'adresser à cette population, qui recoupe d'ailleurs une partie de l'électorat de Donald Trump. Un effort d'explication sans cesse renouvelé doit être fourni en direction de cette population, en dépassant le narratif existant et les éléments de langage martelés. Il faut expliquer la situation actuelle mais aussi ses origines sur plusieurs décennies.

Cela précisé, je nuancerais l'impact de cette guerre informationnelle, dont les effets réels restent à déterminer. Si la guerre informationnelle n'est pas adossée à des capacités d'action réelle, ses résultats s'avèrent très relatifs. Il est souvent question de l'efficacité de la guerre informationnelle russe en Afrique. Or je considère que certains événements s'expliquent bien davantage par la question politique du rapport entre la France et les États de la région, qui a été ultérieurement exploitée par la guerre informationnelle russe. Il n'existe pas, selon moi, de théorie convaincante montrant qu'une agression hybride sous le seuil du conflit armé peut atteindre des objectifs stratégiques équivalents à ceux d'un conflit armé.

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