Intervention de Philippe Gros

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Philippe Gros, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), coordinateur de l'Observatoire des conflits futurs :

Je serais plus circonspect à propos du risque représenté par les menaces de Donald Trump. D'abord, les Américains ne sont pas obligés de sortir de l'OTAN pour la vider de sa substance en termes de présence et d'apport. Ensuite, je pense que l'OTAN restera le pilier effectif de la défense européenne, avec ou sans les Américains. L'Alliance recouvre trois réalités : une alliance politico-militaire, des chaînes de commandement et une machine normative qui fabrique de l'interopérabilité. L'autre machine normative au niveau mondial, ce sont les Américains eux-mêmes, dont les commandements ne sont pas dans l'OTAN.

J'ajoute une réflexion plus générale concernant l'autonomie stratégique. Contrairement à ce qui est souvent répété, la France dispose d'une autonomie stratégique. Nous sommes, il est vrai, contraints par la limite de nos moyens, qui se sont érodés au fil du temps. Pour autant, je mets quiconque au défi de démontrer que, sur les grands engagements stratégiques, la France est limitée en termes d'autonomie. Nous ne sommes pas indépendants mais nous jouissons d'une liberté de décision. Il suffit de reprendre l'historique de tous les engagements de ces trente dernières années pour le constater.

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