Intervention de Tatiana Kastoueva-Jean

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Tatiana Kastoueva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l'Institut français des relations internationales (IFRI) :

Les Occidentaux bénéficient des dividendes de la paix et ne croient plus à la possibilité de la guerre. Il en va très différemment pour les Russes. Depuis la chute de l'Union soviétique, la guerre les a toujours accompagnés, tant sur leur territoire, à l'image des deux guerres en Tchétchénie, qu'à leur périphérie, à l'exemple de la Transnistrie, de la Géorgie, de la Crimée ou du Tadjikistan, où la Russie a d'ailleurs joué un rôle plutôt stabilisateur. Un sondage mené depuis le début des années 2000 par le centre Levada montre que le taux de Russes ressentant une menace militaire directe n'est jamais descendu au-dessous de 38 %.

Les pics de popularité de Vladimir Poutine correspondent aux guerres qu'il a menées. Le président russe tient, depuis son arrivée au pouvoir, un discours sur l'environnement hostile dans lequel évolue la Russie, qui s'accompagne d'un discours sur une cinquième colonne à la solde de l'Occident à l'intérieur de ses frontières. Malheureusement, la guerre en Ukraine a mûri dans les esprits russes depuis longtemps. Tous les jalons étaient posés bien avant l'invasion russe et ils ont pris soudainement sens pour une grande partie de la population à ce moment-là. Les Occidentaux, quant à eux, ont pensé jusqu'à l'invasion de l'Ukraine que ces manifestations de guerre constituaient les vestiges d'un monde ancien plutôt que les prémices d'un monde nouveau, qui est le nôtre aujourd'hui.

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