Intervention de Philippe Gros

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Philippe Gros, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), coordinateur de l'Observatoire des conflits futurs :

En m'éloignant de la question des munitions, j'aimerais présenter un exemple d'impact concret et durable des sanctions sur la production russe. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les Russes ne disposent pas de composantes optiques spatiales (CSO) performantes, c'est-à-dire l'équivalent de nos satellites Helios. Leurs satellites sont hors d'état ou obsolètes et tous les programmes russes sont à l'arrêt depuis plusieurs années en raison de leur hyper-dépendance aux technologies occidentales. Le système Razdan, par exemple, qui est l'équivalent du KH-11 américain, est annoncé depuis plusieurs années mais il n'est pas déployé du fait des sanctions.

Cette situation entrave considérablement la capacité russe de ciblage dans la profondeur. Elle explique en partie pourquoi les Russes tirent sur des cibles fixes et ne sont pas capables de viser des cibles re-localisables, telles que des postes de commandement, à la différence des Ukrainiens massivement appuyés par le renseignement occidental.

Les multiples cheminements qui permettent à la Chine de fournir aux Russes du renseignement d'imagerie sont bien identifiés. Mais les Chinois reconnaissent eux-mêmes qu'ils sont confrontés à de très importants défis en matière de cycle de ciblage et d'exploitation d'imagerie. Voici un exemple type de l'effet déterminant des sanctions sur une capacité opérationnelle critique.

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