Intervention de Mireille Clapot

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMireille Clapot :

Je salue à mon tour la qualité des éclairages de nos intervenants mais j'aimerais prévenir un glissement sémantique. Le conflit oppose un agresseur à grande échelle et un agressé, et il convient de se garder de donner l'impression d'une forme de symétrie entre les deux protagonistes.

Malgré les retraits de l'armée russe, cette guerre hybride se poursuit, avec son cortège de crimes. À l'heure où nous discutons, 31 000 soldats ukrainiens, sans doute plus, sont officiellement décédés sur une ligne de front parcourant près de 1 000 kilomètres ; 10 millions de civils ont fui le pays ; 12 % du territoire ukrainien sont occupés par la Russie ; 20 000 enfants ukrainiens auraient été kidnappés pour être russifiés. Cette guerre est également meurtrière du côté russe, bien sûr. Je tiens à rendre hommage aux soldats et au peuple ukrainiens, qui résistent et honorent chaque citoyen européen par leur résilience.

Il y a quatre jours, j'étais à Kiev avec une délégation de présidents et de vice-présidents d'une vingtaine de pays européens et du Canada. Nous avons rencontré nos homologues parlementaires de la Verkhovna Rada, ainsi que de nombreux responsables de la société civile. De ces échanges, il ressort que les Ukrainiens, s'ils saluent l'aide des États-Unis et de l'Europe, nous alertent à juste titre sur les retards des livraisons d'armes et de munitions. L'aide européenne à l'Ukraine s'élève à 80 milliards d'euros, à comparer aux 220 milliards d'euros engagés dans l'effort de guerre russe. Cette guerre n'est pas seulement celle des Ukrainiens, elle est aussi celle des pays menacés par une Russie de plus en plus agressive. Les représentants des pays baltes et de l'Europe de l'Est présents dans notre délégation se sont montrés particulièrement sensibles à ce sujet. Afin d'accompagner l'Ukraine, notre soutien doit être en premier lieu financier et militaire, ainsi que l'a annoncé le président de la République. L'accord bilatéral de 3 milliards d'euros d'aide à destination de l'Ukraine renforcera notre soutien en matière de matériels de défense et d'aide humanitaire.

La conférence du 26 février a replacé dans le débat public ce conflit qui nous concerne. Je salue l'expression forte du président de la République à l'occasion de cette conférence. À titre personnel, je remarque que la question de combattants autres qu'ukrainiens ne se pose pas. En revanche, les experts et les spécialistes de la maintenance ont toute leur place pour aider les Ukrainiens.

J'aimerais vous interroger sur les sanctions et les sources de financement. Comment les sanctions sont-elles autant contournées par des entreprises et par des pays ? J'aimerais vous entendre également sur la question de la filière du combustible nucléaire en France, avec la société Rosatom et sur l'appropriation des avoirs gelés. Enfin, que pensez-vous des entreprises françaises qui restent à Moscou malgré toutes les alertes ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion