La présente proposition de loi vise à faciliter le financement de projets de rénovation énergétique du bâti scolaire par les collectivités territoriales. Elle a été adoptée en première lecture au Sénat et, à l'unanimité et sans modification, en commission des finances de l'Assemblée nationale, la semaine dernière.
Sa mesure principale permet au préfet de fixer la participation minimale de la collectivité, en tant que maître d'ouvrage, à 10 % du montant total des financements apportés par des personnes publiques. La dérogation proposée permet ainsi de prendre conscience des règles strictes qui sont imposées aux collectivités en matière de participation financière.
L'article L. 1111-10 du code général des collectivités territoriales que nous nous proposons de modifier a, depuis de nombreuses années, fait l'objet de plusieurs adaptations et dérogations. Par exemple, le préfet s'est vu offrir la possibilité de déroger à la participation minimale de 20 % aux projets d'investissement ayant trait à la rénovation de monuments protégés.
Outre qu'elles sont soumises à des règles strictes, les collectivités territoriales doivent respecter des obligations en matière d'économies d'énergie. Cette contrainte s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de développement à faible intensité de carbone, mais aussi de l'obligation faite aux États membres de l'Union européenne de rénover chaque année au moins 3 % de la surface au sol totale des bâtiments appartenant à des organismes publics. Or les trois quarts de la consommation d'énergie des collectivités territoriales sont liés aux bâtiments, et la surface du parc scolaire public représente près de la moitié de leur patrimoine.
Au vu des objectifs que nous nous sommes fixés et du coût de la transition écologique et énergétique, nous devons accompagner les collectivités territoriales. Les opérations de rénovation du bâti scolaire induisent des coûts de construction particulièrement élevés. Dans un rapport de 2020 consacré à la rénovation énergétique des bâtiments scolaires, le Conseil général de l'économie soulignait qu'il faudrait investir 40 milliards d'euros pour atteindre l'objectif de réduction de 40 % de consommation d'énergie à l'horizon 2030. Certaines communes rencontrent de grandes difficultés pour financer la rénovation énergétique des écoles – et même si les collectivités territoriales peuvent déjà, pour ce faire, bénéficier de dotations d'investissement relevant de plusieurs missions du budget de l'État, ce soutien ne suffit pas toujours.
Tel est l'objet de cette proposition de loi : au vu des obligations d'économies d'énergie qui s'imposent aux collectivités territoriales et de la place centrale du bâti scolaire dans cette démarche, il est indispensable de les doter d'outils pleinement adaptés pour relever le défi. La nouvelle dérogation envisagée ne s'appliquera pas de plein droit, mais pourra être utilisée par le préfet s'il estime qu'une participation minimale de 20 % est disproportionnée au vu de la capacité financière de la collectivité concernée. Le texte permettra ainsi une plus grande adaptabilité et offrira davantage de souplesse pour traiter les diverses situations, tout en levant les difficultés auxquelles font face certaines communes pour financer la rénovation énergétique des écoles. Il devra cependant être accompagné de mesures complémentaires. Il est par exemple indispensable de donner plus de visibilité aux collectivités sur les dotations d'investissement dont elles bénéficient, comme s'y est engagé le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale.
Parce qu'elle vise à donner aux collectivités territoriales plus de liberté et de souplesse dans la conduite de leurs politiques, la proposition de loi s'inscrit pleinement dans l'approche des députés du groupe Horizons et apparentés, qui voteront donc en faveur de ce texte.