Je souhaite évoquer à mon tour les questions internationales. À la demande du Gouvernement, j'ai la chance et l'honneur de représenter la France devant le Comité spécial des Vingt-Quatre, instance des Nations unies présidée par l'île de Sainte-Lucie. Certains de ses membres, notamment la Syrie qui en est le rapporteur, n'ont pas tout à fait la même conception de la démocratie et des droits de l'homme que nous. Ils portent néanmoins un jugement sur l'action que nous menons à l'égard de territoires dits à décoloniser.
Selon l'ONU, quatre puissances dans le monde ont des territoires à décoloniser. Pour la France, il s'agit de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie. Notre pays est le seul à envoyer un représentant – un membre du Gouvernement ou un ambassadeur – pour se justifier devant ce comité. Aucun autre des pays concernés – c'est notamment le cas des États-Unis d'Amérique et du Royaume-Uni – ne souhaite répondre à ses questions. Pour notre part, nous le faisons, car c'est notre devoir. Le Comité spécial des Vingt-Quatre le souligne d'ailleurs chaque année dans le communiqué de presse qu'il publie. Il le fera de nouveau, je l'espère, à l'issue de sa réunion du 13 avril prochain, à laquelle je me rendrai pour évoquer la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.
La France est le seul pays qui a accordé une autonomie aussi complète à un territoire de la liste. La Nouvelle-Calédonie jouit en effet de l'autonomie la plus complète qui existe sur le territoire national. L'égalité des droits est parfaite entre tous ceux qui y résident, quelle que soit leur communauté – Kanaks ; Européens ; personnes venues du Maghreb, qui ont parfois été amenées de force ; descendants des bagnards ; Wallisiens et Futuniens ; Japonais ; Antillais. Tous, hommes et femmes, ont les mêmes droits. À partir de dix-huit ans, chacun peut évidemment voter ou devenir propriétaire, bref être Français. Il n'y a pas d'iniquité, celle-ci étant caractéristique du fait colonial.
Nous sommes en outre le seul pays concerné par les procédures du Comité spécial des Vingt-Quatre à avoir reconnu le fait colonial – dans l'accord de Nouméa, ainsi que plusieurs d'entre vous l'ont relevé – et à avoir réalisé un audit de la décolonisation. La Nouvelle-Calédonie est le seul territoire de la liste où les indépendantistes gouvernent, puisqu'ils sont à la tête de quatre des cinq institutions territoriales – le Gouvernement, le Congrès, deux des trois provinces – et de plus de la moitié des mairies. Le fait colonial a existé dans des temps précédents. L'action menée par le Gouvernement, démocratique, de la République – elle est le fait de gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédé – est assez éloignée de ce qui a été décrit dans les discours tenus ici à la tribune ; merci de ne pas mélanger les choses ! Je me demande d'ailleurs qui parmi les orateurs qui se sont exprimés est déjà allé, ne serait-ce qu'une seule fois, en Nouvelle-Calédonie.