Intervention de Aude Luquet

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2024 à 16h00
Report du renouvellement général des membres du congrès et des assemblées de province de la nouvelle-calédonie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAude Luquet :

« Soyons unis, devenons frères, plus de violence ni de guerre. Marchons confiants et solidaires, pour notre pays. » Ce sont les mots du refrain de l'hymne de la Nouvelle-Calédonie. Confiance et solidarité, c'est ce qu'attendent les Calédoniens pour faire face à leurs difficultés économiques, lesquelles trouvent en grande partie leur source dans la crise institutionnelle qui maintient la Nouvelle-Calédonie dans l'incertitude. Or vous le savez, l'incertitude ne permet pas de se projeter dans l'avenir ou d'investir. Seule la stabilité aura pour effet de ramener la sérénité.

Dans le cadre des accords de Matignon et de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie a été amenée à se prononcer à trois reprises sur son indépendance. Par trois fois, le « non » l'a emporté. Aujourd'hui, le projet de loi organique portant report du renouvellement général des membres du Congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie nous est soumis. Ce report permet de garantir aux acteurs et aux responsables locaux le temps nécessaire pour trouver un chemin commun. Le groupe Démocrate est donc favorable à un vote conforme du texte issu des travaux du Sénat. Ce chemin passera-t-il par un simple dégel du corps électoral provincial, comme le prévoit le projet de loi constitutionnelle qui devrait nous être présenté prochainement, ou nécessitera-t-il une refonte plus profonde et durable des institutions de la Nouvelle-Calédonie ? C'est aux Calédoniens et à eux seuls de le dire.

Ayant de la famille en Nouvelle-Calédonie, je sais les difficultés, les tensions et les divisions qui persistent au sein du peuple calédonien. Je connais toutefois votre engagement, monsieur le ministre, en faveur d'un dialogue constant avec les acteurs locaux, comme l'ont montré vos nombreux déplacements sur l'île. Dans leur grande majorité, les Calédoniens ont toujours été ouverts au dialogue et à la recherche de solutions. La démarche dite d'écoute profonde menée auprès d'eux en 2021 l'a démontré. Reste que certains éprouvent le sentiment que leur voix n'a pas été suffisamment prise en compte et que des acteurs locaux comme les maires pourraient être associés davantage. Je sais pouvoir compter sur vous, monsieur le ministre, pour faire en sorte que cela soit le cas.

Je l'ai dit, la crise institutionnelle et la crise économique sont intimement liées en Nouvelle-Calédonie. Ce territoire fait face à d'importantes difficultés. Une fraction de la population a quitté le territoire, ce qui a entraîné une baisse significative de la consommation. La forte inflation liée à la guerre en Ukraine, mais aussi l'augmentation constante des coûts du fret, due aux tensions en mer Rouge, ont aggravé la situation.

Dans une économie déjà fragilisée, la chute récente des cours mondiaux du nickel a aussi eu de lourdes répercussions dans l'île, provoquant la mise en sommeil de l'usine métallurgique Koniambo Nickel (KNS) située dans la province Nord, l'abandon programmé de l'usine de la Société le Nickel (SLN) de Nouméa par sa maison mère Eramet et la mise sous tutelle de l'État de l'usine du Sud Prony Resources. La crise du nickel pourrait avoir de graves conséquences sociales à court terme, dans un contexte politique tendu autour de l'avenir institutionnel du territoire. Rien que pour ces trois usines, plus de 3 000 emplois sont directement menacés, alors que le recours au chômage partiel s'accroît et que le taux de chômage atteint déjà plus de 11 %.

Les impacts négatifs de cette situation se font ressentir dans tous les secteurs d'activité et la Nouvelle-Calédonie est de plus en plus dépendante des subsides de l'État. Il est temps qu'elle accède à une stabilité institutionnelle qui lui permettra d'aller de l'avant et qu'elle sorte de la crise économique dans laquelle elle est plongée. Les attentes des Calédoniens sont fortes en matière de pouvoir d'achat, d'éducation, d'emploi et de santé.

Monsieur le ministre, je le répète, nous comptons sur vous pour accompagner les Calédoniens, afin que les élections aient bien lieu en décembre 2024 et que leur vie ne soit pas entravée par des discussions stériles alors que les élus ont eu des années pour parvenir à un accord. Il est temps pour la Nouvelle-Calédonie de connaître la stabilité institutionnelle, préalable indispensable à la prospérité.

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