Il est effectivement temps d'exposer la véritable situation de l'héritage dans notre pays, comme nous pouvons le faire en nous appuyant sur la note publiée par le Conseil d'analyse économique en décembre 2021.
Chaque année, 300 milliards d'euros sont transmis. Selon le CAE, 35 % à 40 % échappent à l'impôt par des dispositifs de niche. Ces dispositifs d'optimisation ne profitent pas au commun des mortels, ni même aux 10 % des Français les plus riches ; ils favorisent particulièrement les 1 %, et même les 0,1 % des Français les plus riches. En effet, le taux effectif d'imposition sur les successions des 0,1 % les plus riches est de 10 %. Il est inférieur au taux effectif sur les plus basses successions, qui s'élève à 15 %.
Il faut donc changer radicalement notre fiscalité sur les transmissions, de manière à permettre aux Français, dans leur immense majorité, de transmettre le fruit de leur travail, tout en évitant de retourner à une société de rentiers qui nous ramène au début du siècle dernier. Actuellement, les sommes perçues par le premier centile des héritages sont supérieures aux revenus cumulés pendant l'ensemble de la vie des travailleurs du premier centile des revenus. Vous n'arrêtez pas de nous dire qu'il faut rémunérer le travail, mais le système qui perdure privilégie les héritiers et les rentiers.
Nous devons supprimer les niches qui permettent cette optimisation, revoir le barème pour exonérer totalement les classes moyennes et moderniser notre système afin qu'il corresponde aux familles actuelles. C'est un chantier immense, mais nous devons l'entreprendre pour atteindre enfin la justice fiscale et pour agir en faveur des classes moyennes en leur permettant de transmettre leur patrimoine tout en évitant de reconstituer une société de rentiers.