Dans le domaine de la recherche, les choses ont malheureusement beaucoup changé depuis les textes de référence cités par Mme Batho. Du fait du désengagement des démocraties occidentales dans le domaine nucléaire, les deux pays qui sont désormais les plus impliqués sont, malheureusement, la Russie – M. Sitzenstuhl l'a souligné – et la Chine. Or ces deux puissances n'adoptent pas du tout la déontologie scientifique qui était celle des chercheurs occidentaux du début des années 1950 jusqu'à la fin des années 1990. Le sénateur Gattolin, pour ce qui est de la Chine, et la commission d'enquête que j'ai présidée, pour ce qui est de la Russie, ont montré que les scientifiques et les institutions de recherche français demeurent dans une grande naïveté, et se montrent même désemparés.
Le problème est si profond qu'il remet en question la déontologie scientifique occidentale, en particulier la déontologie française. La recherche française, européenne et même américaine s'est construite sur la coopération, voire le désintéressement, sur un idéal de partage et sur le sens de l'intérêt de l'humanité – mais c'est malheureusement fini. Les puissances russe et chinoise ne partagent pas du tout ces conceptions occidentales, et abusent de notre naïveté et de notre idéalisme.
Il convient donc d'appeler à la vigilance – ne serait-ce que par cet amendement d'appel – les différentes institutions, en particulier la future ASNR, afin qu'elles se réveillent, et cessent d'adopter des comportements irresponsables, même si l'on peut admirer les motifs humanistes qui les sous-tendent. Il faut vraiment nous réveiller, collectivement, pour protéger la recherche et le savoir français.