L'IRSN produit des expertises en matière de sécurité et de sûreté nucléaires, fondées sur des travaux de recherche, à l'aune d'un seul critère : l'existence ou non d'un risque, d'un danger. Sur la base de cet avis d'expert, mais aussi d'enjeux industriels et économiques, l'ASN prend ensuite la décision – elle demande par exemple à l'opérateur de modifier un élément de sa production, d'arrêter un réacteur ou de le redémarrer.
Prenons l'exemple de l'EPR – réacteur pressurisé européen – de Flamanville, dont le démarrage est aussi incertain qu'inquiétant. Malgré les nombreuses falsifications destinées à dissimuler le fait que son couvercle est défectueux, l'ASN a autorisé le lancement de sa production, à la condition que le couvercle soit changé dans un délai de dix-huit mois. Je conteste cette décision, mais c'est bien l'ASN qui l'a prise, en s'appuyant à la fois sur des expertises de sûreté nucléaire et sur d'autres considérations, en l'occurrence économiques et industrielles. L'enjeu de la séparation entre l'expertise et la décision concerne donc non seulement les résultats d'expertise, mais aussi leur formalisation sous forme d'avis ou de positions scientifiques et techniques, ainsi que les modalités de leur validation.