Plus vous réduisez les dépenses, plus la croissance est ralentie et plus le déficit augmente ; de nouvelles mesures d'austérité sont prises, ce qui dégrade toujours plus l'activité économique. C'est déjà visible pour 2023 : les recettes devraient être inférieures de 8 milliards aux prévisions et le déficit devrait largement dépasser les 5 %, au lieu des 4,9 % annoncés. Voilà l'explication que Bercy peine à trouver pour justifier cette dégradation des comptes et expliquer pourquoi les recettes fiscales et sociales sont inférieures aux prévisions.
Pourtant, monsieur le premier président, vous croyez vous aussi à cette politique de l'offre, vous appelez aussi à pousser ce rocher de Sisyphe. Cette logique vous conduit à recommander la réalisation de 50 milliards d'économies entre 2025 et 2027, « un effort sans précédent dans l'histoire récente » – je vous cite.
Je ne suis pas d'accord avec le cap que vous tracez. Le contraire devrait être conseillé pour éviter d'enfermer le pays dans une spirale récessionniste, au moment même où l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI) revoient à la hausse la croissance mondiale. Même des économistes orthodoxes, soucieux du niveau de la dette, comme l'ancien économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, considèrent qu'il est nécessaire de soutenir l'économie, même si cela implique un déficit momentané plus important.