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Intervention de Sabine Thillaye

Séance en hémicycle du mardi 12 mars 2024 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à l'accord de sécurité franco-ukrainien et à la situation en ukraine suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Thillaye :

…ont rendu le miracle possible.

Nous avons entendu parler de fin de l'histoire ou de victoire de la démocratie. Or l'histoire nous apprend que rien n'est jamais acquis, que tout est, encore et toujours, à construire, et que nous devons voir le monde tel qu'il est et non tel que nous voudrions qu'il soit.

En février 2022 – du 18 au 20, très exactement –, a lieu la cinquante-huitième conférence de Munich sur la sécurité. Les troupes de la Fédération de Russie sont déjà massées à la frontière ukrainienne, mais la plupart des dirigeants européens présents – tout comme nous, d'ailleurs – ne croient pas à une invasion. Le 24 février, soit quatre jours plus tard, celle-ci débute. Le rapport de force et l'emploi de la force armée sont redevenus des moyens de défendre des intérêts. C'est un wake-up call : une sonnette d'alarme. Les menaces sont hybrides et protéiformes. La France a réagi, la dernière LPM témoignant à cet égard d'un effort considérable au profit de nos forces armées. L'Union européenne et les États membres ont également répondu en soutenant par différents instruments financiers le courage incroyable du peuple ukrainien.

Oui, notre sécurité a un prix. Non, la défense européenne n'est plus un tabou. Cependant, ce réveil européen ne fut qu'un demi-réveil. Si nous avons revu à la hausse nos budgets militaires, nous avons également pris conscience de la faiblesse productive de la base industrielle de défense européenne et de la fragmentation de ce marché, qui ont pour effet de limiter notre capacité à fournir une aide militaire massive et durable à l'Ukraine. Alors que l'industrie militaire russe tourne à plein régime, l'aide militaire à l'Ukraine rencontre de multiples obstacles. Le Congrès américain bloque actuellement une aide de 60 milliards de dollars. L'Union européenne, quant à elle, éprouve des difficultés à fournir plus et plus vite des matériels européens, même si une première stratégie industrielle de défense a été présentée le 5 mars dernier. Le temps presse. La situation est critique.

En février dernier, à la soixantième conférence de Munich sur la sécurité et en présence de Ioulia Navalnaïa, nous avons appris la mort d'Alexeï Navalny : une surprenante coïncidence alors que se tenait la plus importante conférence de sécurité du monde.

Restons donc bien vigilants. Minimiser la menace russe, c'est ne pas vouloir répondre à la menace d'un Vladimir Poutine qui ne respecte plus aucune règle, ni à celle d'une victoire de Donald Trump, qui s'accompagnerait d'un affaiblissement de l'Otan. Soyons sans illusions : cette guerre n'est pas à nos portes, mais déjà chez nous, comme en attestent les manipulations de l'information, la désinformation massive, les cyberattaques touchant des infrastructures sensibles civiles et militaires, ou encore les cas d'ingérence. La guerre hybride n'est pas une chimère, mais une réalité qui fait partie intégrante de la doctrine russe. Il est temps pour nous de faire un choix déterminant et de regarder la réalité en face : la Russie ne doit pas gagner cette guerre !

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