Par ailleurs, cette guerre est révélatrice des atouts et des failles de nos armées et, plus globalement, de la stratégie militaire de la France. Notre soutien indéfectible à l'Ukraine et l'impératif de développer notre économie militaire vont de pair. Il est essentiel de capitaliser sur le savoir-faire français ainsi que sur notre industrie de défense. Je pense d'abord à la formation, en France et en Pologne, de soldats ukrainiens par nos officiers et à la transmission des connaissances et compétences militaires dont notre pays dispose pour venir en aide aux soldats ukrainiens. Je pense ensuite à la fourniture de matériels de guerre – des Mirage 2000, des obus, des missiles –, dont la prospérité supposera un soutien financier continu à la filière de défense nationale et à notre capacité de production.
Notre soutien à l'Ukraine ne pourra pas éternellement se fonder sur l'envoi de matériels militaires français vieillissants. L'Ukraine a besoin de véhicules armés : nous lui donnons nos vieux véhicules. L'Ukraine a besoin d'avions : nous ne pouvons lui en fournir. L'Ukraine a besoin d'obus et de munitions : nous n'avons pas suffisamment de fonderies, ni de stocks. L'Ukraine a besoin d'armes : nous avons fermé certaines de nos usines. Nous devons aller plus loin, en fournissant à l'Ukraine les armes opérationnelles dont elle a vraiment besoin. J'en appelle donc à une montée en puissance de nos filières militaro-industrielles.
Comme le président de notre groupe, Bertrand Pancher, l'a indiqué, nous saluons la signature, le 16 février, de l'accord de sécurité entre la France et l'Ukraine, ainsi que l'engagement financier et diplomatique qui liera nos deux pays pendant les dix années à venir. Malgré l'opportunité de cette coopération, nous regrettons la méthode choisie par l'exécutif, qui consiste à contrecarrer la nécessaire consultation de notre Parlement sur les sujets liés à la défense et à la souveraineté. Même si la loi de programmation militaire pour les années 2024-2030 prévoit un budget en hausse pour nos armées, avec des dépenses supérieures à 400 milliards d'euros sur sept ans, les crédits dédiés à l'Ukraine restent hors des circuits budgétaires. Ce contournement évident du contrôle de l'action gouvernementale par le Parlement rend impossible la traçabilité des deniers publics. Je l'ai dit et le répète au ministre des armées : il nous faut de la transparence ! Au nom de mon groupe, je demande donc de réinscrire à l'ordre du jour de notre assemblée la question du soutien français à l'Ukraine.
Enfin, je souhaite que le Président de la République continue d'œuvrer en faveur de l'Ukraine avec tous nos alliés, afin de trouver des positions communes.
Au-delà de ces quelques remarques, le groupe LIOT votera naturellement en faveur de l'accord de sécurité avec l'Ukraine.