À ce propos, en évoquant dans l'accord une « dissuasion active », vous semblez prêt à mettre en œuvre la dissuasion nucléaire française elle-même. Qu'entendez-vous donc par cet engagement ? Est-ce le prépositionnement de Rafale armés de missiles nucléaires sur le territoire d'un pays balte de l'Otan ? Si tel est le cas, vous brisez la doctrine française selon laquelle l'arme nucléaire n'est pas une arme tactique mais stratégique, utilisée en cas de violation flagrante et caractérisée de nos intérêts vitaux. Sinon, n'est-ce pas galvauder le terme même de dissuasion que de l'utiliser à tout bout de champ, alors que l'intention n'y est pas ?
Monsieur le Premier ministre, ce terme de « dissuasion active » est manifestement déraisonnable ; il devrait être retiré de l'accord. Le catalogue des promesses de votre accord de défense apparaît intenable militairement, financièrement et industriellement. Il n'apporte aucune garantie à une amélioration de la situation de l'Ukraine, et l'on ne peut que déplorer que vous y ayez intégré des éléments qui empêchent – et vous le saviez – un vote unanime sur votre déclaration.
Peut-être, cependant, était-ce l'objectif, monsieur le Premier ministre ? Vous parer du lin blanc du camp du bien, et rejeter l'ensemble des oppositions, donc les millions de Français qu'elles représentent, dans le camp du mal ? Les astreindre au choix indigne que vous semblez vouloir imposer : soit on est pro-Macron, soit on est accusé d'être pro-Poutine ?