Il y a quelques jours, Bruno Le Maire a affirmé devant les membres de la commission des finances que la résolution des crises passerait désormais par le ministère de la défense et non plus par celui des affaires étrangères : de tels propos sont extrêmement inquiétants et nous les rejetons. La diplomatie française est un outil précieux et indispensable pour répondre aux crises et nous espérons, monsieur le Premier ministre, que vous saurez vous désolidariser de cette prise de parole.
Notre seconde protection réside dans notre souveraineté énergétique. La rupture supposée de nos liens avec la Russie et son gaz a donné lieu à des félicitations, mais celles-ci ne pourraient pas être plus injustifiées : dans les cent jours ayant suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cette dernière a retiré 93 milliards d'euros de revenus de ses exportations d'énergies fossiles ; l'Union européenne, premier importateur de ces ressources, fournit à la Russie 61 % des revenus qu'elles rapportent. En janvier 2024, le CREA (centre de recherche sur l'énergie et l'air pur), un groupe de réflexion finlandais, a souligné que l'Union européenne était le principal acheteur de gaz naturel liquéfié russe et qu'elle recevait la moitié de ses exportations.
La France elle-même est loin d'être exemplaire, puisqu'en novembre 2023, elle a sensiblement augmenté les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, dont le montant a atteint 316 millions d'euros. Pourquoi ? Parce qu'il faisait froid et que la consommation d'énergie a par conséquent augmenté.