Le sujet est important : c'est ce même article 1er qu'a supprimé la commission, la semaine dernière.
Vous n'avez pas voulu entendre l'argumentaire de deux anciens directeurs généraux de l'ASN, de trois anciens présidents de l'Opecst, des salariés des trois entités concernées, de six institutions indépendantes consultées pour avis. Puisque vous êtes sensibles aux arguments économiques, en voici un. Nous vous avons expliqué que vous alliez casser les activités de mesure de la dosimétrie externe, effectuée par les petits dosimètres portatifs, et de la dosimétrie interne, qui correspond à l'évaluation par exemple des effets d'une ingestion. Or l'IRSN a été saisi très rapidement après l'accident de Fukushima, dont c'est aujourd'hui le funeste anniversaire. À l'époque, les personnels d'Air France avaient refusé de survoler le Japon jusqu'à ce que les expertises de l'IRSN les rassurent. Même inquiétude chez Danone, qui fabriquait au Japon des produits laitiers, ou chez Alcatel, qui travaillait à la réparation des câbles de communication rompus par le tsunami, et dont les salariés ne voulaient pas se mettre à l'eau à quelques kilomètres du lieu du sinistre : c'est l'accompagnement par les services de dosimétrie de l'IRSN qui a permis la reprise du travail. En outre, l'institut analysait les masses d'air allant du Japon vers la France, laquelle, grâce à cela, n'a pas connu de paniques au sein de la population. Or la plus grande centrale d'Europe se trouve à Zaporijjia, dans un pays en guerre ; s'il s'y produisait un accident, je ne crois pas que le nuage radioactif, comme celui d'une autre centrale ukrainienne, Tchernobyl, s'arrêterait par magie à notre frontière.