Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du lundi 11 mars 2024 à 16h00
Protection des enfants victimes de violences intrafamiliales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Le juge Édouard Durand explique les choses avec concision et clarté : « L'histoire de l'inceste, […] c'est l'histoire d'un déni. » Quelle meilleure définition sociale et politique d'un tel fléau ? Pendant des siècles, nous avons pensé qu'il fallait protéger les enfants orphelins et vagabonds exposés à la cruauté de l'inconnu, mais que ce qui arrivait aux enfants dans le silence des maisons et des familles ne nous regardait pas. C'était de l'ordre du privé. En réalité, il était davantage tabou de dire l'inceste que de le commettre. Il a fallu briser ce déni, ce silence écrasant qui faisait tant de victimes.

Grâce à l'action des uns et des autres, un basculement est heureusement en train de s'opérer dans la société. Il nous faut l'écouter, l'entendre, le saluer et l'accompagner. À ces 160 000 enfants qui subissent, chaque année, des violences sexuelles en France, à ces 5,5 millions d'hommes et de femmes adultes qui ont été victimes de violences sexuelles durant leur enfance, et pour qui le passé ne passe pas, nous disons : vous n'êtes plus seuls. Le texte que nous votons en est non seulement l'illustration, mais constitue aussi une grande avancée dont nous souhaitons l'adoption la plus large possible.

Ainsi, c'est avec fierté et émotion que le groupe Socialistes et apparentés, par la voix d'Isabelle Santiago, vous propose d'adopter aujourd'hui une loi qui vient reconnaître la parole des enfants victimes de violences intrafamiliales et les protéger.

Je tiens d'abord à remercier les associations pour leur engagement, leur pugnacité et leur obstination. La route a été longue et, nous le savons, il reste beaucoup de chemin à parcourir. Nous, députés, demeurerons aux côtés des associations. Je veux remercier aussi les parlementaires engagés sur tous les bancs, qui ont contribué, dans un esprit de concorde et de responsabilité, à faire avancer cette juste cause.

Je tiens enfin à remercier chaleureusement la rapporteure, notre collègue du Val-de-Marne, pour le travail qu'elle a fourni, forte de son expérience en matière de protection de l'enfance, en concertation avec la Ciivise, de nombreuses associations et les acteurs de terrain.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion