Non, nous ne sommes pas tous d'accord, car cette proposition de résolution repose sur un florilège de mensonges éhontés.
Mensonge d'abord sur la souveraineté alimentaire. De concert avec le Gouvernement, comme sur nombre de sujets en ce moment, vous dévoyez la notion de souveraineté alimentaire pour lui donner un contenu aux antipodes de son histoire. La souveraineté alimentaire, qui reconnaît le droit de chaque peuple à produire son alimentation de base et à assurer sa sécurité alimentaire par lui-même, est un mot d'ordre brandi par les mouvements paysans altermondialistes et écologistes – Via Campesina, notamment – contre la marchandisation de la nourriture, contre l'industrialisation de l'agriculture gavée d'engrais et de pesticides, contre la dépossession des terres et son corollaire, la mondialisation de la faim et de la malbouffe.
Vous êtes contre la souveraineté alimentaire. Ce que vous défendez entre les lignes, c'est une stratégie productiviste de guerre commerciale ; ce sont les intérêts de grandes firmes, non ceux des paysans, et encore moins l'assiette des Français.
Mensonge sur l'Ukraine ensuite. Au détour de phrases tout en perfidie, votre résolution fait implicitement porter à l'Ukraine la responsabilité des déstabilisations actuelles, sans jamais nommer celui qui utilise l'alimentation comme arme de guerre, l'agresseur : la dictature russe de Poutine, à laquelle vous aviez emprunté six millions d'euros et avec laquelle vous entretenez une relation si particulière.
Mensonge enfin sur les vraies menaces qui pèsent sur notre souveraineté alimentaire : le changement climatique, l'effondrement de la biodiversité, l'épuisement de la fertilité des sols mais aussi l'effondrement du nombre d'agriculteurs qui résultent du modèle agrochimique actuel. Si vous dénoncez les accords commerciaux, vous fermez les yeux sur les importations d'engrais, de soja, de pétrole, vous défendez l'empoisonnement par les pesticides.
Cette résolution est à l'image du Rassemblement national. D'une faiblesse programmatique spectaculaire, elle est destinée à masquer le manque de sérieux qu'illustre votre complet revirement sur les prix plancher, camouflé derrière quelques slogans nationalistes. On se demande si, lors de l'arrivée des premières pommes de terre en France, son premier signataire aurait crié au grand remplacement. Il se serait peut-être exclamé « qu'elles retournent en Amérique ! », comme vous avez dit « qu'il retourne en Afrique ! », propos racistes que vous avez encore revendiqués dernièrement devant vos administrés en affirmant que vous étiez « fiers de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas » !
La souveraineté alimentaire que vous prétendez défendre a pour visage la ferme usine Pure Salmon dans votre circonscription, financée par un fonds spéculatif de Singapour basé à Abou Dhabi. Ce modèle est à mille années-lumière de la défense des intérêts de la France. Le groupe Écologiste conteste radicalement le dévoiement de la notion de souveraineté alimentaire par l'extrême droite.