C'est en pleine mobilisation des agriculteurs de presque tous les pays membres de l'Union européenne que la commission des affaires économiques est saisie d'une demande de création d'une commission d'enquête sur la question de la perte de souveraineté alimentaire. Notre collègue rapporteur ayant indiqué que cette demande était recevable, il n'y a aucune raison de s'y opposer.
La commission d'enquête est peut-être l'outil le plus important à la disposition des parlementaires pour réaliser un travail approfondi. J'ai eu la chance d'en présider une, il y a quelques années. Si les choses sont faites sérieusement – et je ne doute pas que ce sera le cas – cela peut être, vraiment, un bel instrument.
Il ne s'agira pas de compliquer la situation, mais de compléter les travaux et les rapports qui existent déjà. Nous ne devrons pas reproduire ce que les agriculteurs européens nous reprochent trop souvent de faire, à savoir verser dans la complexité, la surtransposition, la surréglementation : soyons plutôt pragmatiques. J'espère que je serai désigné par mon groupe pour participer à cette commission d'enquête qui devra éclairer le Parlement.
Lorsque j'ai présidé, en 2019, la commission d'enquête qui avait trait au rôle de la grande distribution dans les négociations commerciales, nous avions, avec le rapporteur Grégory Besson-Moreau, auditionné les services de Bercy et un certain nombre de ministres. À Bercy, on nous a vraiment pris pour des imbéciles, des niais, carrément des pauvres types. La seule ministre qui s'était montrée sensible, à l'époque, à la question du rôle de la grande distribution et des centrales d'achat hébergées hors de la France était Mme Agnès Pannier-Runacher. Ironie du destin, elle est aujourd'hui en mesure d'agir et je m'en réjouis, car il y a de nombreuses propositions à faire sur la base de notre rapport d'il y a cinq ans.
Il faudra aussi que la commission d'enquête s'intéresse à la chance que représentent pour la France ses 28 millions d'hectares de surface agricole utile. C'est un trésor que nous devons nous accorder à préserver.
Enfin, sans trop m'avancer sur les questions de fond, je souhaite que celui qui sera désigné rapporteur oriente les débats sur les sujets aussi bien français qu'européens : c'est la perte de souveraineté alimentaire en France et dans l'Union européenne qui est en jeu.