Je me range évidemment, au nom de mon groupe, à l'avis du rapporteur au sujet de la recevabilité de la demande formulée par le groupe Rassemblement national dans le cadre de son droit de tirage, et je me félicite que le rapport ait été confié à Charles Sitzenstuhl, qui vient de remettre les conclusions de la mission d'information sur la souveraineté alimentaire européenne.
Quand on parle de la souveraineté alimentaire de la France, on pense souvent au cas emblématique du poulet, plus particulièrement du poulet ukrainien, qui cristallise la grogne de nos agriculteurs en matière de concurrence déloyale hors Union européenne. Pourtant, les secteurs dans lesquels notre pays présente la plus grande dépendance aux importations sont les protéines pour l'alimentation animale – nous en importons près de 80 % – et les engrais. Une dépendance similaire est observée au niveau européen, ce qui montre qu'on ne peut pas traiter de la souveraineté française en occultant la question de la souveraineté européenne.
Si notre pays produit autant ou plus qu'il ne consomme dans de nombreuses filières, comme celles de la pomme de terre, du blé, du vin et du fromage, l'excédent commercial agricole de la France a nettement baissé depuis vingt ans. La question de la souveraineté agricole se pose, personne ici n'entend le nier. Cette commission d'enquête sera l'occasion, je l'espère, de se pencher avec sérieux sur le sujet, sans avoir peur d'aborder sa dimension européenne – notamment la réforme de la politique agricole commune (PAC), qui reste un outil de souveraineté – ni les enjeux de compétitivité et de productivité, sans lesquelles nous ne pouvons pas aboutir à un modèle performant, permettant à chaque agriculteur de vivre convenablement de son travail.