Vous avez effectivement anticipé ma question suivante.
De façon générale, comme d'autres observateurs tels qu'Acrimed (Action critique médias), nous avons pu constater à l'occasion du travail d'enquête que nous menons que votre choix de ligne éditoriale aboutit souvent à ne pas développer ou aborder certains sujets qui pourraient porter atteinte au groupe ou à la personne de M. Bolloré – telle la confirmation par la Cour de cassation de sa mise en examen dans l'affaire de corruption autour de la concession du port de Lomé au Togo, que vos concurrents et bien d'autres médias ont très largement commentée et diffusée.
Je pose ma question très frontalement : vous sentez-vous objectivement libre d'aborder, de relayer et de commenter les informations susceptibles de porter atteinte au groupe ou à la personne de M. Bolloré ? Même s'il n'y a pas de pressions, comme vous l'avez mentionné, vous sentez-vous malgré tout libre ? Ma question s'adresse à l'ensemble des personnes auditionnées.
Enfin, une forme d'inconscient collectif pourrait-elle expliquer l'espèce de tri sélectif de l'information qui consiste à ne pas traiter celles qui pourraient porter atteinte au groupe ou à la personne de M. Bolloré ?
Ce qui pourrait nous amener à nous poser des questions sur la crédibilité d'un modèle économique et sur la réelle capacité d'indépendance d'un média lorsqu'il est la propriété d'une personne ou d'un groupe, même s'il n'y a pas de pressions.