C'est évidemment l'actualité qui décide. L'ouverture du Salon de l'agriculture ou une intervention d'Emmanuel Macron comme celle de lundi décident. Nous avons différentes manières de la traiter : les journalistes politiques – Gauthier Le Bret et Yoann Usaï – peuvent la traiter en plateau ; nous pouvons inviter un homme ou une femme politique pour entendre sa réaction ; nous pouvons faire appel à des intervenants réguliers, éditorialistes, dont certains sont rémunérés.
Le matin, j'arrive à sept heures. Je passe une dizaine de minutes dans le bocal, pendant que la matinale de Romain Desarbres s'installe à l'antenne. Je parle avec ceux qui sont présents à la régie, des jeunes journalistes notamment, parfois avec le rédacteur en chef, s'il est déjà arrivé. Vous savez comment les choses se passent : nous sommes des éponges – j'en suis une. Nous nous demandons ce que nous avons vu, ce qui se passe, s'il y a des nouvelles. Puis je file à mon bureau, où Marine Lançon est arrivée depuis une heure. Souvent elle s'est inspirée de la matinale pour élaborer un premier conducteur. Non, nous ne faisons pas que du commentaire. Parfois, j'ai l'impression que les gens parlent de « L'Heure des pros », mais qu'ils ne la regardent jamais. L'émission est conçue en deux parties : le fait est exposé avec un reportage, parfois par un journaliste de la maison, par exemple Noémie Schulz, en plateau ou à l'extérieur, puis vient l'analyse, le décryptage, le commentaire. En écho aux propos de Jérôme Guedj, je veux souligner que le monde de l'information a fondamentalement changé. Le matin, à huit heures, vous n'apprenez plus rien aux gens : ils savent déjà tout. Il y a trente ans, on allumait la radio ou on achetait un journal pour entendre les infos du jour. Aujourd'hui, grâce aux téléphones portables intelligents, tout se sait. Si vous vous contentez donc de lire des dépêches, vous n'apprendrez rien aux gens. Il faut leur proposer une mise en perspective, et pourquoi pas de la polémique ou de la controverse, pour assurer le pluralisme, évidemment en respectant la liberté d'expression.
Dans la construction du plateau, il y a aussi l'invité – c'est une dimension que j'aime bien. Nous invitons tous azimuts : hier, Chloé Morin a présenté son livre Quand il aura vingt ans ; la semaine dernière, Patrick Chesnais est venu : entre dix heures et dix heures trente, je reçois notamment des artistes, plus rarement des hommes politiques. Messmer par exemple est venu. Vous me demanderez pourquoi recevoir un hypnotiseur sur une chaîne d'information : cela fait partie du débat.