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Intervention de Maxime Saada

Réunion du jeudi 29 février 2024 à 9h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+ :

S'agissant de la clause de non-dénigrement de Jean-Baptiste Rivoire, rien ne l'obligeait à y souscrire. Personne ne force les gens quittant Canal+ à signer une clause de non-dénigrement. Mais si l'on touche 150 000 euros pour ne pas dénigrer, il ne faut pas le faire.

S'agissant du renouvellement de dix-huit mois, ce n'était pas notre demande. Ce que Canal+ souhaitait, c'était obtenir une faculté de sortie à court terme. En effet, nous avons un objectif de rentabilité, et le nombre d'abonnés à la TNT payante décroît. Nous ne voulons pas nous retrouver avec un nombre d'abonnés insuffisant pour rentabiliser la présence de Canal+ sur la TNT – sauf que personne ne sait quand cela arrivera. Lors des négociations, le CSA nous a indiqué qu'il était nécessaire de fixer une durée d'attribution. Nous la souhaitions la plus courte possible : nous avons demandé douze mois et obtenu un compromis à dix-huit. L'arrivée à échéance simultanée des fréquences de C8 et de CNews est fortuite.

Pour répondre de façon claire et définitive à votre première question, j'indique que nous souhaitons renouveler les fréquences de Canal+ et de toutes nos chaînes TNT, payantes et gratuites. Notre logique n'aboutit pas à mettre à mal le financement du cinéma français, au contraire nous voulons le pérenniser. C'est pourquoi nous avons proposé un accord de cinq ans.

Quant aux décisions sur le cinéma français et européen, elles sont prises au sein d'un comité qui se réunit tous les quinze jours, sous ma présidence. Il comprend une vingtaine de personnes et prend ses décisions de façon collégiale. Je n'ai connaissance d'aucune intervention directe de Vincent Bolloré, à propos ni de la série « Paris Police 1900 » ni d'aucune autre proposition.

Lorsque nous avons financé la série « D'argent et de sang », adaptée d'un livre de Fabrice Arfi, dont on ne peut pas dire qu'il soit le plus grand ami de Canal+, personne n'y a vu la main de Vincent Bolloré ! Quand nous diffuserons la série « La fièvre », écrite par Éric Benzekri, que je considère comme un chef-d'œuvre et qui brasse tous les sujets de l'actualité, je doute que quiconque nous parle d'une intervention de Vincent Bolloré. Nous avons financé des films abordant la religion, tels que Benedetta, et nul n'a parlé d'une intervention de Vincent Bolloré.

Si nous n'avons pas financé Grâce à Dieu, c'est parce que le comité, ce jour-là, n'avait que des propositions éditoriales à forte intensité dramatique. Or nous avons à cœur de conserver un équilibre parmi les films que nous finançons. J'ignore pourquoi François Ozon a tenu les propos que vous citez. Il a peut-être mal pris notre décision, parce que nous avons financé tous ses autres films, les précédents et les suivants. Avons-nous la faculté de choisir de ne pas financer un film de François Ozon ? Il me semble que oui. Nous avons pris cette décision en 2017. Depuis lors, nous avons financé 700 films. Quiconque se penche sur la diversité des thèmes abordés dans les films que nous finançons ne peut qu'avoir du mal à affirmer, comme vous l'avez fait, que le groupe Canal+ sélectionne les films qu'il finance dans un état d'esprit sectaire, pour des raisons idéologiques ou religieuses.

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