qui est le fruit d'une coopération entre le Cnes et la Nasa.
Votre proposition de résolution, madame la rapporteure, a deux mérites qu'il convient de souligner. Le premier est de nous fournir l'occasion de débattre ici des visions différentes de l'avenir de l'espace extra-atmosphérique et, in fine, de celui de notre planète, qui en dépend.
Le second est de mettre à l'ordre du jour une discussion sur l'un des principaux dangers qui planent au-dessus de nos têtes : les débris spatiaux, qui seraient au nombre d'un million, dont 36 000 dépassent les 10 centimètres. Issus de satellites, de lanceurs et d'autres objets envoyés par l'homme, ils ne sont pas inoffensifs. Ils peuvent se déplacer à plus de 50 000 kilomètre par heure et leur impact, à cette vitesse, représente de grands risques, notamment lorsqu'ils percutent des satellites opérationnels utiles dans notre vie quotidienne comme ceux qui servent à établir les prévisions météorologiques. J'en profite pour saluer le nouveau jeu pédagogique du Cnes, Orbital Dance, élaboré sous la direction de Pierre Omaly, spécialiste des débris spatiaux – si vous passez par la Cité de l'espace à Toulouse, madame la rapporteure, vous pourrez le découvrir.
Le Cnes, parlons-en. Par la politique de coopération qu'il a su développer entre recherche publique, industrie civile et militaire, il incarne notre vision du spatial. Hélas, sous les quinquennats d'Emmanuel Macron, des coupes dans la recherche publique ont été opérées, menaçant la participation du Cnes à certains projets industriels. Et les 10 milliards de réductions budgétaires que Bruno Le Maire a annoncées il y a quelques jours vont aussi affecter cette institution. Ce même ministre de l'économie disait rêver d'un New Space français sur le modèle américain alors qu'il aurait plutôt dû insister sur le fait que nous avions déjà entre les mains un outil susceptible d'être bien meilleur et bien plus durable que le New Space, en l'occurrence le Cnes. Encore faut-il lui donner des moyens.
C'est ici que nos chemins divergent. Nous sommes pour une politique publique de la coopération privilégiant la recherche, non pour une politique de concurrence spatiale incarnée par l'Union européenne et plagiant petitement celle d'autres États plus préoccupés de pillage des ressources que d'études pouvant nous aider à lutter contre le dérèglement climatique.
C'est en ce sens que les députés du groupe La France insoumise ont déposé plusieurs amendements visant la ratification du traité de la lune, l'analyse du cycle de vie des objets spatiaux, la lutte contre la pollution lumineuse ou encore le renforcement de la météorologie spatiale. Nous nous réjouissons que quelques-uns aient été retenus, mais des lacunes perdurent, ainsi qu'une divergence de vision plus profonde qui nous incite à nous abstenir. Cette proposition de résolution acte en effet le basculement progressif d'un modèle de coopération politique vers un modèle de compétition entre États. Nous regrettons l'absence de solutions concrètes sur les plans politique et industriel pour redresser la politique spatiale de l'Europe. Le texte soutient une approche libérale, en rupture avec le système actuel de planification industrielle par le financement public que nous soutenons et continuerons à soutenir dans l'optique de faire de la France un phare éclairant la préservation de l'espace pour ce qu'il est : un bien commun de l'humanité et plus généralement du vivant.