Avant toute chose, je tiens à remercier Cécile Rilhac de nous avoir permis de débattre d'un sujet capital et trop rarement abordé par le Parlement.
Nous n'avons plus le droit de fermer les yeux : concernant l'accès et l'usage de l'espace, les équilibres historiques sont en train de voler en éclats. La Russie, puissance agressive, menace notre sécurité dans l'espace comme sur Terre ; elle a ainsi procédé en novembre 2021 au lancement d'un missile antisatellite, provoquant la dispersion de nombreux débris spatiaux. La Chine, devenue un acteur spatial majeur, a notamment de très grandes ambitions au sujet de la Lune. Du côté des États-Unis, SpaceX, à l'origine de près de la moitié des lancements orbitaux effectués dans le monde en 2023, représente un défi économique gigantesque pour notre accès souverain à l'espace. Allant des lanceurs aux satellites, son modèle intégré le met sur la voie d'une dangereuse hégémonie : ainsi son programme Starlink, dont l'objectif s'élève à plus de 40 000 satellites, en comprend-il déjà 5 000, sur près de 7 000 en orbite.
Le ressaisissement européen auquel appelle la France est par conséquent vital. Ainsi que l'a rappelé Emmanuel Macron dans son discours de Toulouse, l'espace est le théâtre de la « souveraineté des souverainetés » : ne pas en avoir la maîtrise, c'est être privé des moyens d'observation, de communication et de navigation indispensables à nos activités civiles comme militaires.
Un tel constat implique d'agir à tous les niveaux : industriel, pour soutenir des champions européens dans le domaine spatial ; réglementaire, pour assurer la sécurité et la pérennité de nos activités extra-atmosphériques, éviter l'exploitation anarchique de l'espace et la prolifération de débris avec lesquels fusées et satellites risquent d'entrer en collision.
Le Président de la République et le ministre Bruno Le Maire ont arraché des avancées européennes cruciales,…