Je suis très heureuse que nous puissions entendre ici l'intégralité des syndicats représentatifs des journalistes. Lors de notre dernière audition, les sondeurs interrogés nous ont indiqué que les Français faisaient part simultanément d'un respect pour le travail des journalistes, mais aussi d'un certain rejet pour le système médiatique. Intuitivement, j'en déduis un lien entre la déontologie journalistique et un système plus ou moins protecteur de l'indépendance des journalistes et de leurs conditions de travail.
Vous avez évoqué la loi d'exception concernant les élus. Il ne vous aura pas échappé que mon groupe La France insoumise a voté contre cette atteinte à la liberté de la presse et, plus largement, contre toute la loi, au risque de se faire traiter de « parti antirépublicain » favorable aux violences contre les élus, quand bien même nous la subissons nous-mêmes. Il nous semblait en effet problématique d'adopter une loi qui puisse apparaître comme une loi d'exception et qui soit notamment un cheval de Troie pour la remise en cause d'un certain nombre de droits et libertés, notamment de la presse.
Face à la précarisation et au développement d'un journalisme non salarié, quelles seraient vos préconisations ? Estimez-vous que des évolutions législatives doivent être menées, notamment sur la question du temps et du nombre de sujets traités par les journalistes ? Face au phénomène de concentration des médias, quelles sont vos pistes de réflexion concernant les seuils de détention ? Comment reconnaître les rédactions et les sociétés de journalistes ?
Enfin, s'agissant de la protection juridique face aux procédures-bâillons et aux plaintes gouvernementales, envisagez-vous une évolution de la loi sur la protection des sources ? Faut-il la renforcer ? À l'inverse, faut-il revenir sur les lois concernant le secret des affaires et le secret-défense ? Enfin, faudrait-il un type de justice particulier pour traiter les délits de presse ? Le recours à la justice commerciale est-il une bonne chose ?