Le syndicat général des journalistes-Force ouvrière estime que l'avenir des médias d'information passe d'abord par le respect de l'information due aux citoyens ; il s'agit d'un enjeu démocratique, qui permet de former des citoyens à part entière en France. Cela nécessite que l'information soit fondée sur les faits et non sur les commentaires plus ou moins éclairés, les opinions, voire la propagande que nous voyons se déverser aujourd'hui à flux continu dans un certain nombre de médias et qui sont à l'origine de la défiance de plus en plus généralisée de nos concitoyens vis-à-vis des médias.
Bien évidemment, cette situation dépend de l'organisation capitalistique de la presse française, de plus en plus concentrée entre quelques mains. La concentration est aujourd'hui de deux ordres : d'une part, la concentration des médias eux-mêmes et, d'autre part, la concentration liée aux Gafam. De fait, de nombreux patrons de presse ont prêté allégeance aux Gafam en échange de l'utilisation de contenus journalistiques et ils se sont pliés à toutes leurs exigences, notamment sur les formats ou l'immédiateté de l'information.
Ces pratiques engendrent une information de piètre qualité, destructrice des emplois et des droits des salariés, où des algorithmes dictent en grande partie la consommation de la presse. En optant pour le tout numérique, un grand nombre d'employeurs et de patrons de presse ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis.
Ensuite, sans libertés publiques, il n'y a pas ni presse ni information indépendante. Or depuis 2015, notre pays est engagé dans une dérive autoritaire qui s'est traduite par un certain nombre de remises en cause du droit de la presse. Par ailleurs, une série de lois-bâillons ont été mises en place. Nous pensons également qu'il faut revenir sur cette loi de 2010, qui ne constitue pas une garantie suffisante pour les journalistes.
Par ailleurs, nous considérons que le maintien des garanties collectives de la profession et du statut des journalistes reste la meilleure garantie pour la sauvegarde d'une presse pluraliste, d'une information au service de la démocratie et du citoyen. Nous déplorons une véritable dislocation des rédactions, dont les effectifs ne cessent de diminuer tout en étant de plus en plus précarisés et soumis à une pression constante et à des conditions de travail dégradées. Enfin, nous voudrions que les rédactions connaissent aujourd'hui un véritable débat sur les questions de déontologie et de ligne éditoriale. Il y a quelques jours, la société des journalistes (SDJ) du Parisien s'est encore interrogée pour savoir si son journal était toujours un journal généraliste populaire ou s'il s'agissait d'un journal de parti pris.
Dans ce domaine, tous les représentants syndicaux ne partagent pas les mêmes points de vue. De notre côté, nous sommes réticents à la mise en place d'un statut juridique des rédactions et à l'établissement d'un comité d'éthique par rédaction. Ces questions méritent d'être débattues et il aurait été souhaitable qu'elles le soient dans le cadre des États généraux de la presse, avec les intéressés.