Pendant plus de vingt ans, malgré les alertes scientifiques, les rapports et la mise en garde de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'État a autorisé l'utilisation du chlordécone année après année, en toute connaissance de cause – je dis bien, en toute connaissance de cause. Les conséquences sanitaires et environnementales en sont dramatiques : 90 % des Guadeloupéens et Martiniquais vivent avec du chlordécone dans le sang ; le taux de cancer de la prostate de cette population est le plus élevé au monde ; les sols, les fleuves, la mer, les plantes, les animaux, les aliments et les habitants sont contaminés pour plusieurs siècles.
Reconnaître la responsabilité de l'État, c'est dire aux victimes de cette contamination : « Nous vous avons entendues, et la puissance publique s'engage à mener les politiques de réparation que vous méritez ». Il s'agit non d'une simple indemnisation, mais de la reconnaissance de la responsabilité morale de l'État.
Reconnaître cette responsabilité, c'est mettre en garde celles et ceux qui seraient aujourd'hui tentés de sacrifier les normes environnementales, de modifier des indicateurs pour diminuer la quantification des pesticides utilisés dans l'agriculture, ou encore de revenir sur les objectifs de réduction de pesticides pour satisfaire les appétits de l'agro-industrie – n'est-ce pas, messieurs Fesneau et Béchu ? Nous vous regardons, messieurs les ministres, endosser en ce moment même une responsabilité comparable à celle de vos prédécesseurs s'agissant du chlordécone. Nous saurons le rappeler.
Le groupe Écologiste soutient activement cette proposition de loi ; nous voterons en sa faveur, et nous remercions le groupe Socialistes de l'avoir déposée.