Il est certain que la fin de l'accompagnement a des conséquences très concrètes pour un jeune majeur que nous aidons. Par exemple, si notre accompagnement, dans le cadre d'un contrat jeune majeur, inclut un hébergement, son arrêt signifie aussi la fin de cet hébergement. Nous n'avons pas encore de remontées sur les conséquences de la loi car elle est très récente mais il est certain qu'elle va tendre la situation pour nos équipes.
Au-delà de la question des mineurs non accompagnés, l'accompagnement est essentiel pour tous les jeunes majeurs qui ont eu un parcours à la protection de l'enfance car, pour un grand nombre d'entre eux, le dix-huitième anniversaire constitue un couperet. C'est une rupture violente pour des jeunes à qui on demande d'être autonomes plus vite que les autres alors qu'ils connaissent des difficultés plus grandes. En France, en moyenne, la fin des études intervient un peu après l'âge de 21 ans ; la décohabitation, c'est-à-dire le départ du domicile familial, environ à 24 ans.
Ces jeunes ont besoin d'être accompagnés jusqu'à leur inclusion pleine et entière, par exemple pour accéder à un logement et pour s'y maintenir. Tous les jeunes majeurs issus de la protection de l'enfance ont de grandes difficultés à se loger car avoir un titre de séjour temporaire, avoir un contrat de travail court ou ne pas avoir de parents qui puissent de porter caution sont autant de freins pour les propriétaires. Par ailleurs, nous avons peu de possibilités de les orienter vers le droit commun car les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), notamment, sont saturés.
J'y insiste : accompagner ces jeunes jusqu'à leur pleine inclusion dans la société est très important. Cela représente certes un coût mais c'est surtout un investissement pour l'avenir. Les accompagner par des contrats jeune majeur évite des dépenses de santé ou de minima sociaux. Bien accompagnés, ces jeunes cotiseront et s'inséreront durablement. Cela sera un gain pour la société tout entière.