Pour maintenir la souveraineté et l'indépendance énergétiques de la France, nous devons gagner des batailles de financement. M. le ministre l'a dit tout à l'heure : nous sommes loin du retour au monopole et au tout-nucléaire. Deux grandes cathédrales de l'investissement dans le nucléaire sont en voie d'achèvement : Hinkley Point, en Angleterre, qui est un projet d'EDF, et le tokamak de la Durance, qui est le plus grand au monde.
Mais cette année, le budget de la France a ouvert d'autres crédits en matière d'énergie, par exemple pour l'hydrogène – plus de 800 millions d'euros – mais aussi pour l'injection de biogaz et pour l'électrification des territoires d'outre-mer, hors Pacifique, dans une perspective productrice. Le bois énergie, couplé au bois d'œuvre, est également encouragé : dans le budget de la forêt, plusieurs centaines de millions d'euros qui n'avaient jusqu'alors pas été affectés lui sont dédiés, en faveur notamment des territoires du Grand Est, de Saint-Avold à l'usine Solvay de Dombasle-sur-Meurthe, qui en bénéficieront.
Par ailleurs, M. le ministre y a déjà fait allusion mais il me semble qu'il y a trois conditions à la résilience des tarifs : nous devons évoluer dans un cadre qui soit européen – EDF a retrouvé la voie de l'exportation –, concurrentiel – ce sont les fournisseurs de gaz, pendant l'indisponibilité du parc nucléaire, qui nous ont permis de passer l'hiver, si vous me pardonnez l'expression – et favorable aux entreprises électro-intensives – M. le ministre en a parlé.
Globalement, la doctrine obsolète du monopole et du tout-nucléaire est une passion anti-européenne, comme l'ont bien expliqué certains orateurs tout à l'heure. Il faut une autonomie énergétique des territoires pour assurer une résilience européenne.
Dans ce contexte, plusieurs sujets sont matière à débat, à commencer par le statut contractuel de la terre de culture : à l'heure où nous parlons, au Salon de l'agriculture, les intervenants du monde agricole discutent de la manière dont ils s'associeront avec les producteurs d'énergie. La résilience des grands sites industriels pose aussi question et doit être promue : c'est en faisant en sorte qu'ils puissent produire et stocker eux-mêmes, notamment en recourant à l'énergie, que l'avenir énergétique de la nation se dessinera, face à une vision de la décroissance que je qualifierais de théologique.