Alors que le rapport de la commission d'enquête reproche aux gouvernements successifs d'avoir négligé de doter la France d'une stratégie énergétique et préconise « une loi de programmation énergie climat sur trente ans », Roland Lescure, tout juste nommé ministre délégué chargé de l'énergie, nous assurant qu'il n'y a pas urgence, reporte une nouvelle fois le texte que nous aurions dû examiner en juillet. Le monde s'est réchauffé de 1,5 degré Celsius au cours des douze derniers mois et les énergies fossiles représentent toujours plus de 60 % de la consommation du pays, mais aux yeux du ministre, il n'y a pas le feu au lac ! À cette irresponsabilité climatique s'ajoute l'abus de langage : comme l'ont rappelé plusieurs personnalités auditionnées, l'indépendance énergétique est une illusion, la souveraineté devant plutôt s'entendre, en la matière, comme la réduction de notre vulnérabilité.
Or, de ce point de vue, toutes les sources d'énergie ne se valent pas. Commençons par le nucléaire. Vulnérabilité du combustible : la France importe l'intégralité de l'uranium qu'elle consomme, dont 40 % du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan en transitant par la Russie. Vulnérabilité industrielle : outre le fiasco de Flamanville,…