Ne pas avoir anticipé la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires ainsi que leur renouvellement en série industrielle et non en chantiers isolés – ce qui a fragilisé à la fois la filière nucléaire, ses compétences et la capacité du pays à se relancer dans un chantier d'envergure – a constitué une grave erreur stratégique. Le manque de moyens consacrés à la recherche est aussi une erreur que nous payons très cher aujourd'hui. Avoir arrêté le réacteur Superphénix en 1997 et ne pas avoir préservé notre avance dans la recherche et le développement de la quatrième génération post-2019 dénote un manque de vision.
Ce travail de recension des erreurs est loin d'être inutile car il nous rappelle les fondamentaux. Oui, sans recherche nous sommes condamnés à avoir du retard. Oui, en matière d'énergie il faut réfléchir sur le temps long, faire de la prospective et, si j'ose dire, regarder loin vers l'horizon. Oui, l'indépendance énergétique passe par notre capacité à utiliser sobrement les énergies, toutes les énergies. Mes chers collègues, étant comme certains d'entre vous assis sur ces bancs depuis juin 2022, je sais qu'il faut avoir de la mémoire mais aussi faire preuve d'honnêteté. Les gouvernements successifs d'Élisabeth Borne, par l'intermédiaire de la ministre chargée de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ont considérablement progressé sur les sujets énergétiques, en faisant preuve de vision et de détermination.
En l'espace de deux ans, nous avons voté la création de six nouveaux EPR et la possibilité d'en ajouter huit autres d'ici à 2050. Nous avons assoupli les procédures administratives sans déroger aux procédures de sécurité pour créer de nouveaux SMR. Nous avons donné un contenu juridique au mix énergétique en établissant le nucléaire comme énergie principale assurant notre souveraineté. Nous nous sommes donné de nouveaux moyens budgétaires pour accélérer le développement des énergies renouvelables. Nous avons obtenu de l'Union européenne que le nucléaire soit reconnu comme énergie décarbonée et bénéficie des aides communautaires. Nous avons négocié un nouvel accord européen pour faire suite à l'Arenh qui n'était plus satisfaisant pour notre compétitivité industrielle. Nous sommes en train de moderniser l'ASN et d'en améliorer les procédures de contrôle.
Tout cela a été fait en associant les parlementaires, les énergéticiens, les élus locaux, les syndicats représentatifs, notamment lors des groupes de travail de préparation de la stratégie pour l'énergie et le climat. De nouveaux travaux s'ouvrent déjà avec Roland Lescure, ministre chargé de l'énergie. Il sera notamment question d'hydraulique et du statut des concessions. Vous le voyez, mes chers collègues : pour la majorité, la souveraineté n'est pas un objet de discours, mais un champ d'action.