Josiane Desruels, 66 ans, est décédée le 8 février à l'hôpital Simone Veil d'Eaubonne après dix heures d'attente aux urgences. Nous en sommes bouleversés. Je tiens à exprimer ma peine et mon soutien entier à sa famille et ses proches, ainsi qu'à la communauté de soignants qui endure aussi cette épreuve.
Je ne suis pas là pour pointer la responsabilité de tel ou tel, mais pour alerter, car ce qui s'est passé est grave. C'est le symptôme d'un système de santé dont nous savons qu'il est mal en point, tant il peine à garantir le droit de chacun d'accéder aux soins. Face à une telle situation, notre action doit être déterminée. Nous devons ainsi agir contre la suradministration, car les soignants, en dépit de leur dévouement, passent trop de temps à des tâches administratives, au détriment du temps consacré aux patients. Certains d'entre eux travaillent toujours plus, jusqu'à 100 heures par semaine, enchaînant parfois des gardes de 24 heures ; ce n'est pas acceptable.
Nous devons décupler le nombre de médecins en formation. En effet, nous le savons, le numerus clausus n'a pas totalement disparu. Le nombre d'étudiants n'a augmenté que de 15 %, ce qui n'est pas suffisant face aux besoins.
Bien sûr – et heureusement –, des solutions existent, mais toutes n'ont pas encore été déployées : il faut développer la prévention, par exemple, grâce à des centres régionaux dédiés, généraliser les services d'accès aux soins, mieux coordonner hôpital et médecine de ville, développer un système informatique unifié, simple et sécurisé, organiser pour les hôpitaux une direction bicéphale combinant expertise médicale et administrative, doubler le nombre d'étudiants en médecine, comme en Angleterre, pour lutter contre les déserts médicaux comme le défendent certains de mes collègues.