Face à la crise, le Gouvernement a apporté des réponses en urgence qui ont, pour l'instant, calmé les choses, mais cette colère n'est domptée qu'en apparence. Les mesures – mise sous tutelle de l'Observatoire français de la biodiversité (OFB), mise en pause du plan Écophyto, soutien ponctuel à la viticulture et au bio – ne constituent qu'un énième plan d'urgence qui ne diffère guère des précédents. Vous y avez ajouté la simplification par voie réglementaire, mais jusqu'où cette simplification ira-t-elle ? Cette question m'amène au cœur du débat que je veux poser.
Vous avez parlé de brèches dans le dialogue européen. Je suis pour ma part très dubitatif quant à la possibilité de briser le plafond de verre d'une politique agricole européenne extrêmement libérale puisqu'elle s'appuie sur la concurrence et la compétitivité. Sans une véritable réorientation de la politique agricole commune dans les négociations qui sont en cours, la colère restera. Les plans stratégiques nationaux doivent être réformés en profondeur, car leurs insuffisances commencent à se manifester. Je parle de réformes structurelles pour assurer la juste rémunération des agriculteurs. L'État doit intervenir non seulement dans la détermination du prix de vente, mais également dans la répartition de la valeur ajoutée sur l'ensemble de la chaîne. Il doit construire une économie agricole régulée. Allez-vous prendre cette question à bras-le-corps ?
Sur la question des accords commerciaux et du libre-échange, le pouvoir fait mine de temporiser et d'agir au niveau européen, notamment en ce qui concerne les négociations avec le Mercorsur, mais il n'y a aucune remise en cause des grandes orientations en faveur de la libéralisation des échanges. Les échanges commerciaux sont nécessaires, y compris dans le domaine alimentaire, mais ils doivent se faire dans le respect des peuples et des territoires, ce qui n'est pas le cas des accords de libre-échange, dont l'alimentation devrait être exclue.