Intervention de Aurélie Trouvé

Réunion du mercredi 7 février 2024 à 17h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélie Trouvé :

Mathilde Hignet devait prendre la parole au nom du groupe cet après-midi mais elle est partie sur le terrain, comme vous avez eu le bon goût de le lui conseiller, il y a deux semaines, pour le seul plaisir de calomnier ma collègue qui est, je le rappelle, petite-fille et fille d'agriculteur, et travailleuse agricole en Bretagne.

C'est peut-être vous qui devriez aller sur le terrain pour prendre conscience du fait que vous trahissez les revendications des agriculteurs en colère. Alors qu'ils vous demandent juste rémunération et protection, vous leur offrez soumission et destruction – soumission aux multinationales et au chaos des marchés.

Vos prédécesseurs et vous-même avez tout dérégulé depuis vingt-cinq ans : les prix garantis, les quotas, les droits de douane. Quant à M. Macron, jamais un président n'avait signé autant d'accords de libre-échange. Aujourd'hui, il laisse la Commission européenne poursuivre les négociations avec le Mercosur, et je vous mets au défi, monsieur le ministre, de dire le contraire. Peut-être signerez-vous l'accord, le 10 juin, au lendemain des élections européennes ?

Vous soumettez les agriculteurs au chaos des marchés en leur promettant des broutilles au premier rang desquelles les clauses miroirs qui ne changeront rien, on le sait, aux dégâts des accords de libre-échange ; deuxième broutille, d'éventuelles sanctions qui ne changeront rien aux graves défaillances des lois Egalim ; troisième broutille, 50 malheureux millions d'euros pour les agriculteurs biologiques en crise que nous avons rencontrés cet après-midi devant l'Assemblée nationale. Ils disent que vous les abandonnez.

Tout ce que vous proposez aux agriculteurs, c'est de détruire leur santé et notre environnement en annonçant de très graves reculs sur les pesticides ou les prairies. Écoutez les agriculteurs en colère, ils demandent une juste rémunération et non de se soustraire à la nécessaire transition écologique ; ils y sont favorables à condition d'être protégés des multinationales et de la concurrence internationale. C'est possible, c'est une question de volonté politique. Prix rémunérateurs garantis, protectionnisme écologique, refus de tout nouvel accord de libre-échange, activation des clauses de sauvegarde aussi souvent que nécessaire, contrat de transition agroécologique, plan de relance alimentaire imposant 100 %, ou au moins 80 %, de bio local dans la restauration collective d'ici cinq ans : voilà ce qu'il faudrait faire ! Mais qu'attendez-vous ?

Vous avez remisé votre loi de désorientation agricole tant elle était scandaleusement vide. Nous vous demandons une politique et une loi de profonde transformation de l'agriculture et de protection des agriculteurs. Si ce n'est pas le cas, il ne faudra pas s'étonner que des tracteurs bloquent à nouveau nos routes.

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