Contrairement à ce d'aucuns ont pu dire, l'amélioration des taux d'encadrement dans le primaire ne vaut pas que pour les zones REP et REP+ : le nombre d'élèves par classe est passé de 24 à 22,5 depuis 2017, ce qui marque une amélioration d'un point et demi, hors éducation prioritaire. Il me semble très important de le marteler lorsque l'on se réfère aux chiffres globaux, sachant que cette amélioration vaut aussi bien pour la maternelle que pour l'élémentaire.
Les cours d'empathie sont, en effet, une belle innovation dont les perspectives sont enrichies par des travaux de la Fondation Jean-Jaurès. Alors que notre objectif initial était d'y engager une école par département, plus de 1 200 établissements se sont lancés depuis janvier 2024 dans l'expérimentation de ces pratiques destinées à travailler sur la découverte de l'altérité et à développer les compétences psychosociales de nos enfants. Lors de l'évaluation de cette expérimentation, nous interrogerons les élèves et les personnels. Nous chercherons aussi à mesurer ses effets sur le climat scolaire : le développement des relations de confiance à l'échelle de la classe et au sein de la communauté éducative doit favoriser l'apaisement et améliorer la qualité du climat scolaire, pas seulement prévenir le harcèlement et y remédier.
S'agissant des mutations, quelque 26 000 enseignants du second degré participent à des opérations de mobilité, le processus d'affectation tenant compte d'abord de leur parcours professionnel mais aussi de leur situation personnelle et familiale. Pour être au plus près des besoins, nous voulons développer l'accompagnement par des ressources humaines de proximité dans les rectorats. Quelque 41 % des enseignants ayant participé à des opérations de mobilité ont obtenu satisfaction. Afin de continuer dans cette voie, nous avons engagé une réflexion destinée à favoriser une plus grande fluidité dans les parcours et dans le développement des mobilités, ce qui peut contribuer à l'attractivité du métier.
Vous avez raison de souligner nos difficultés à atteindre le pourcentage voulu de personnels handicapés, dues à deux raisons principales : trop souvent, les personnels concernés n'osent pas déclarer ce handicap et demander les aménagements auxquels ils auraient pourtant droit – ce n'est d'ailleurs pas spécifique à l'éducation nationale ; par ailleurs, nous ne parvenons pas suffisamment à attirer ces personnels et à faire tomber les appréhensions et les plafonds de verre. Afin de répondre à cet enjeu collectif pour notre société, il nous faut prendre des initiatives telles que le DuoDay, en faveur duquel je me suis beaucoup engagée dans le monde du sport.
En ce qui concerne les fermetures de classes en milieu rural, je m'engage une nouvelle fois à faire un travail de prospective à trois ans sur la carte scolaire, associant toutes les instances de dialogue et de concertation entre les services des rectorats et les élus. Il s'agit de développer les TER, de fédérer tout le monde autour des élèves, sur le modèle des cités éducatives dans les zones d'éducation prioritaire, qui donnent des résultats probants. Lors de la rentrée prochaine, nous aurons près de 195 TER, auxquels nous allons consacrer 6 millions d'euros, soit environ 30 000 euros par territoire.
Revenons sur les apports du CNR Éducation. Nous avons investi 500 millions d'euros sur cinq ans pour que chaque établissement puisse construire son projet pédagogique, innover et proposer des évolutions locales dans les approches pédagogiques. La dynamique est très bien enclenchée : plus de 12 000 projets ont été déposés ; près de 6 000 d'entre eux ont été validés par la commission académique, au bénéfice de quelque 2 millions d'élèves, pour un montant d'environ 90 millions d'euros. Un appel à projets national a été lancé auprès des académies. Nous communiquerons bientôt sur les projets les plus innovants, afin de soutenir une démarche qui nous permettra aussi de répondre à certaines des orientations prises dans le cadre du « choc des savoirs » – je pense notamment à notre volonté de renforcer l'enseignement des mathématiques en nous inspirant d'une méthode qui a fait ses preuves à Singapour. Nous voulons un projet CNR dans chaque école ou établissement, sans fixer des contraintes temporelles excessives mais en affirmant notre confiance dans ces dispositifs, pilotés par la Dgesco et le préfet Christian Abrard, auxquels je suis particulièrement attentive.
Il n'y aura pas, je le répète, de groupes de niveau dans les classes de Segpa, qui offrent une réponse pédagogique adaptée aux besoins des élèves de la sixième à la troisième. Nous ne voulons pas modifier cette organisation qui permet déjà de s'inscrire dans la logique de progrès pour tous les élèves concernés. Le fonctionnement et les enseignements des Segpa ne seront donc pas concernés par la nouvelle organisation qui se mettra en place à la rentrée prochaine. L'expertise des professeurs exerçant en Segpa est précieuse dans le cadre des travaux d'équipe ; elle se prolongera dans ce changement profond dans les pratiques pédagogiques et les modalités de leur évaluation. Les professeurs de français et de mathématiques pourront profiter de l'expérience solide et reconnue de leurs collègues, surtout dans les premiers temps de la mise en place de cette innovation.
Reportée en juin comme les autres épreuves de spécialité, celle de SES évaluera en effet l'intégralité des connaissances et des compétences qui doivent être maîtrisées par les élèves. C'est ambitieux, engageant, impliquant. Pour tenir compte de la difficulté, une réflexion va être engagée afin de définir les contours du programme de cette discipline.
S'agissant des AESH qui interviennent sur le temps de la pause méridienne, ils doivent être payés par la collectivité, conformément à une décision du Conseil d'État de 2021. On estime que 8 % des élèves ont besoin d'une aide humaine pendant la pause méridienne. Pour assurer la continuité de la prise en charge et faire en sorte que l'État puisse aller au bout de ses responsabilités dans un cadre stabilisé, le Gouvernement a annoncé sa volonté d'assumer ce besoin. Nous prendrons le temps nécessaire pour arrêter les arbitrages concernant les effectifs supplémentaires qui pourraient être nécessaires.
Oui, nous avons encore du chemin à faire en matière de remplacements de longue durée, même si le Président de la République a pu noter avec satisfaction que nous avons d'ores et déjà un système de professeurs remplaçants et des brigades dédiées dans les écoles, ainsi que des titulaires sur zone de remplacement dans les collèges et lycées, ce qui nous permet de mobiliser des moyens supplémentaires pour affronter cette problématique très importante pour les familles.
Les associations ont évidemment un rôle à jouer dans les dispositifs que nous créons pour encourager le sport à l'école, que ce soit les trente minutes par jour dans le primaire ou l'expérimentation de deux heures supplémentaires pour les collégiens. Nous cherchons à développer des passerelles vers le mouvement sportif et associatif. Le nombre de collèges impliqués dans l'expérimentation est passé de 200 à 700, et nous allons mobiliser 14 millions d'euros supplémentaires pour l'étendre à 2 000 collèges volontaires.
S'agissant de la prise en compte des besoins spécifiques de l'école publique, mon réflexe a été d'aller à la rencontre des enseignants lors de plusieurs visites de terrain, afin d'évoquer divers sujets avec eux : le renforcement de leur autorité concernant la vie de classe, les notations, les décisions de redoublement et la maîtrise de leur enseignement ; le déploiement plein et entier du « choc des savoirs » dans ses différentes dimensions pour affirmer une exigence et remettre l'ascenseur scolaire en marche ; le développement des dispositifs de suivi renforcé pour les élèves. J'ai évoqué les parcours en sixième et cinquième, le concours apporté par des professeurs des écoles et le pacte enseignant. Citons aussi la montée en puissance du dispositif « Devoirs faits » et des stages de réussite. Pour les élèves de troisième, j'ai en effet souhaité mettre l'accent sur les mathématiques, là encore dans une logique de mixité. L'idée est de viser l'excellence, mais aussi d'apporter un appui spécifique aux jeunes filles dans cette matière.
Sachez que je veillerai à toutes les composantes du bien-être des enseignants. L'attractivité des concours sera renforcée par la révision des parcours de formation initiale, sur laquelle des arbitrages seront rendus dans les prochaines semaines. Une plus grande attention sera aussi accordée aux résultats des enquêtes, au déroulement des carrières – à cet égard, je vais faire des propositions concernant les milieux de carrière. La mise en place des groupes de niveau vise aussi à répondre à la sensation d'écartèlement exprimée par nombre d'enseignants, confrontés à une hétérogénéité des classes, difficile à gérer. Interrogés dans le cadre des travaux sur l'exigence dans les savoirs, ils disent avoir du mal à faire remonter le niveau des élèves en difficulté tout en remédiant à l'ennui de ceux dont les rythmes d'apprentissage sont plus soutenus. C'est notamment pour les aider à mieux gérer cette hétérogénéité que nous voulons, avec eux, créer ces groupes de niveau, de progrès, de besoins. D'un conseil de classe à l'autre, ces groupes seront réajustés en fonction du ressenti des équipes pédagogiques sur le déploiement du dispositif.
Concernant les enfants en situation de handicap, je rappelle qu'ils sont de plus en plus nombreux à être scolarisés en milieu ordinaire : la hausse a été de 40 % depuis 2017. Dans le même temps, nous avons augmenté de moitié le nombre des AESH, grâce aux 7 000 recrutements déjà évoqués, ce qui s'est traduit par une progression de 40 % des crédits de rémunération associés. Cet effort inégalé s'est accompagné de l'ouverture de 300 à 400 unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) par année. Nous confirmons aussi le dispositif des Segpa. Il s'agit d'avoir une réponse à la hauteur pour tous ces enfants à besoins éducatifs particuliers.
S'agissant des stages en entreprise, 200 000 offres sont déjà postées et disponibles. Je vais mobiliser toutes les entreprises, mais aussi les associations, les établissements et services publics pour qu'un très large éventail de stages puisse être proposé aux élèves.