Intervention de Francesca Pasquini

Réunion du mardi 6 février 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancesca Pasquini :

Une classe d'école publique est composée de garçons et de filles qui se côtoient, se confrontent, se bagarrent ou s'aiment, au gré des heures et des jours. Ils portent des baskets neuves ou trouées, partent en vacances ou n'ont jamais vu la mer, ont un excellent niveau ou rament. La plupart mangent à leur faim trois fois par jour, d'autres ne mangent qu'à la cantine. Face à eux se trouvent des enseignants qui « s'enfournent » des heures et qui aiment leur métier. De toute façon, ils ne l'exercent pas pour l'argent ; contrairement à vous, ils ne négocient ni leur salaire ni des jetons de présence. Chaque jour, ils se démènent pour leurs élèves, pour tous leurs élèves, différents mais égaux. À leurs côtés travaillent des chefs d'établissements, des CPE, des assistants d'éducation (AED) ; aussi polyvalents que des couteaux suisses, ils courent, jonglent, consolent, s'épuisent – ils tiennent grâce aux collègues et aux enfants. Tous sont fiers de servir l'éducation nationale. Pour tous ces personnels engagés qui luttent avec peu de moyens, qui écument les brocantes pour acheter du matériel pour leur classe, qui organisent des ventes de gâteaux pour financer les sorties scolaires, chacune de vos prises de parole est un coup de poignard dans le dos. Depuis votre entrée en fonction, vous leur montrez que tout roule pour les enfants de la caste des privilégiés, pour ceux qui peuvent payer 3 500 euros une année de scolarité en demi-pension.

Madame la ministre, j'aurais préféré vous interroger sur les nombreux vrais problèmes de l'école – les 200 000 enfants en situation de handicap déscolarisés, les plafonds qui tombent, les classes où il fait trop chaud l'été. Mais nous en sommes à vous rappeler ce qu'est l'école publique, celle que je défendrai bec et ongles, celle que vous méconnaissez, méprisez et contournez. Il est des moments dans une vie où l'on s'honore à savoir reconnaître un échec et l'incapacité d'exercer une fonction. Arrêtons le massacre ! Chaque jour vous apporte son lot de souffrances, de casseroles, de désaveux. Devant vous, il n'y a qu'un mur, avec une porte de sortie : prenez-la !

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