Quelques chiffres suffisent à mesurer l'ampleur du phénomène : alors qu'on recensait 106 communes sans candidat lors des dernières élections municipales, plus de 1 300 maires ont présenté leur démission depuis juin 2020. Ce vague à l'âme des maires et cette perte de l'envie de s'engager doivent être mis en regard avec une hausse inédite des violences : en 2022, 2 265 atteintes aux élus ont été recensées sur le territoire national, en augmentation de 32 % par rapport à 2021 – et on anticipe pour 2023 une nouvelle hausse de 15 % de ces violences.
Mais les chiffres ne suffisent pas : lorsque l'on parle de violences, il faut aussi des noms et des visages. Je ne peux pas conclure les dix minutes qui me sont imparties cet après-midi sans égrener quelques-uns des noms qui nous ont marqués cette année.
Je pense d'abord à Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, mort le 5 août 2019 dans l'exercice de ses fonctions. Je pense au maire de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, à sa femme et à ses deux enfants, dont le domicile familial a fait l'objet d'une attaque particulièrement choquante. Je pense au maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez, dont le domicile a été incendié, et à sa successeure, Dorothée Pacaud, également menacée.