Nous y avons rencontré les six médecins humanitaires français sortis de Gaza lundi. Je vais donner ma voix à l'un d'eux, Raphaël Pitti : il parle de rues et de trottoirs sans un mètre carré de libre, parce que 2 millions de personnes, qui ont fui le nord de Gaza bombardé, puis le sud de Gaza bombardé à son tour, sont désormais massées sans aucun abri dans un espace prévu pour en accueillir 200 000. Il décrit leur hôpital, le seul à peu près intact, comme un chaos sanitaire. Un tiers des patients sont des victimes des bombardements et des snipers israéliens. Il le certifie : il n'a vu parmi eux que des civils. Ceux qui arrivent là sont une minorité, capables de se traîner jusqu'à l'hôpital ; les autres meurent dans la rue. Le reste, ce sont des pathologies et des infections qui, faute de médicaments, deviennent mortelles.
Raphaël Pitti s'est rendu maintes fois en Syrie et en Ukraine ; il a été médecin militaire ; il n'a jamais vu pareil désastre. Il dit aussi : « Il y a pire que tuer un homme, c'est lui enlever sa dignité. Ici, il y a 27 000 morts et 2 millions d'êtres humains privés de leur dignité. »
Quand on demande « que pensez-vous du risque génocidaire énoncé par la Cour de justice internationale ? », les six médecins répondent : « Le génocide est en cours. »