…dans cette assemblée, comme dans le pays. Ainsi, pour mettre chaque député devant ses responsabilités, cette motion de censure est la bienvenue. Je la voterai évidemment, et ce pour trois raisons fondamentales.
Premièrement, vous accorder un sursis ferait de nous, députés de la nation, les complices de la pure opération de communication qu'a constituée votre nomination à Matignon. En effet, qui peut croire un instant que vous allez changer de politique ? Il suffisait d'écouter avec attention, mardi, votre déclaration de politique générale – un catalogue de mesurettes avec tant de priorités qu'il n'y en a plus aucune – pour comprendre combien vous étiez la voix de votre maître.
Ne pas voter la censure reviendrait concrètement à faire souffrir davantage les Français et à faire perdre encore plus de temps à la France. Doublement des franchises médicales, explosion des tarifs de l'électricité et du gaz, appauvrissement sans précédent des chômeurs de longue durée – tout en régularisant une main-d'œuvre bon marché –, hausse du tarif des autoroutes, réduction de trois ans à six mois du congé parental… Et vous osez affirmer que voulez défendre les classes moyennes ?
Vous n'avez que le mot « autorité » à la bouche, mais vous ne voulez pas vous attaquer aux causes profondes de l'explosion de la délinquance : le laxisme judiciaire, l'ouverture des frontières et la soumission à un droit européen qui explique l'impuissance généralisée de l'État.
Plus grave encore, ne pas voter la censure reviendrait à cautionner le vrai cap d'Emmanuel Macron et de votre Gouvernement : la dissolution de la France dans une Union européenne de plus en plus inefficace et autoritaire.
Contrairement à ce que vous avez voulu nous faire croire dans votre discours de mardi dernier pour endormir les Français face au saut fédéral que vous préparez, il n'est pas possible de courir deux lièvres à la fois : celui de la souveraineté française et celui de la souveraineté européenne. Ainsi, votre promesse, à Paris, de bloquer l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, suivie des déclarations de la Commission européenne, qui annonce vouloir le signer au plus vite, révèle votre double jeu total.
Derrière les grandes envolées lyriques, nous assistons à un véritable hold-up intellectuel visant à cacher un transfert historique de compétences et de pouvoirs à l'échelon supranational, comme en témoigne la révision des traités en préparation. Philippe Séguin l'avait d'ailleurs tout résumé : « Par essence, la souveraineté est un absolu qui exclut toute idée de subordination et de compromission. Un peuple souverain n'a de comptes à rendre à personne. »
Enfin, je voterai la motion de censure