Ce n'est pas un faux débat, puisque l'Arcom a, me semble-t-il, considéré qu'au regard des obligations formelles – le temps d'antenne des différents responsables –, les obligations de cette chaîne en matière de pluralisme étaient respectées. Il est néanmoins une question qui vaut pour toutes les chaînes : faut-il mettre une étiquette sur le front de chaque chroniqueur ou journaliste ? Ce sujet – je l'ai vécu en tant que journaliste en activité – est extraordinairement compliqué. J'ai connu des périodes où la tension idéologique des campagnes électorales était telle qu'une étiquette était apposée à chaque journaliste s'exprimant à la radio ou à la télévision. Le 10 mai 1981 au soir, sous la pluie, place de la Bastille, mon frère et moi avons été sifflés : j'en ai été étonné, car j'avais le sentiment de faire mon métier normalement. François Mitterrand et ses porte-parole m'ont d'ailleurs indiqué par la suite qu'il s'agissait du jeu d'une campagne électorale et qu'ils n'avaient rien à me reprocher.
Une solution, qui toutefois mettrait en cause la liberté d'expression, consisterait à interdire aux chroniqueurs ne disposant pas d'une carte de presse de s'exprimer sur les plateaux. Mais un tel système serait sans doute ingérable. Il faut donc faire confiance au dispositif actuel et le respecter. Concernant les campagnes électorales, il faut se placer du point de vue du public – les téléspectateurs et les auditeurs – pour lequel on travaille : donner, de façon assez caricaturale, la même importance à un candidat ou une candidate susceptible d'être Président de la République ou de figurer au second tour, qu'à un ou une candidate qui représentent 2 % ou 3 % du corps électoral, sans disposer d'aucun parlementaire, est trop pesant. Beaucoup d'auditeurs ou de téléspectateurs ont réagi en ce sens. Encore une fois, il ne s'agit que de mon expérience personnelle et je n'ai pas de leçons à donner.