Je comprends l'intention qui motive cet amendement : nous sommes tous favorables à un durcissement de la législation pour lutter contre les marchands de sommeil, qui exploitent la misère humaine. Néanmoins, non seulement le caractère systématique de l'interdiction qu'il prévoit méconnaît le principe d'individualisation de la peine, l'un des grands principes généraux du droit pénal, mais en plus, il rappelle le principe de la peine plancher, que certains d'entre vous avaient, en d'autres temps, condamné – c'est surprenant. Du point de vue juridique, votre amendement n'est donc pas solide.
En outre, le juge peut déjà confisquer les biens d'un marchand de sommeil. Par exemple, un marchand de sommeil de Saint-Maur-des-Fossés a été condamné par le tribunal à trente mois d'emprisonnement avec mandat de dépôt de six mois délivré à la barre, deux ans de sursis probatoire, une amende de 30 000 euros, la confiscation du bien concerné et l'interdiction d'acheter un bien immobilier à usage d'habitation pendant dix ans. Les magistrats disposent donc déjà d'outils pour condamner les marchands de sommeil.
Pour toutes ces raisons, j'émets un avis défavorable.