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Intervention de Robin Reda

Séance en hémicycle du mercredi 17 janvier 2024 à 14h00
Instrumentalisation politique des élections des parents d'élèves dans les conseils d'école

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRobin Reda :

Les parents d'élèves font partie intégrante de la communauté éducative. Ils ont le droit de s'informer sur la scolarisation de leurs enfants, de se réunir à cet effet et de participer à la vie de l'école. Je veux donc commencer par saluer les milliers de parents qui, à l'école, au collège ou au lycée, s'impliquent pour la réussite de leurs enfants. Ils sont des relais et des appuis précieux pour animer la vie des établissements, mais aussi pour repérer les troubles pouvant affecter le climat scolaire. Les conseils d'école ou les conseils d'administration auxquels ils prennent part sont par nature des lieux de démocratie et, y participant moi-même – comme sans doute beaucoup d'entre vous, chers collègues –, j'ai pu constater que ces instances d'échanges sont avant tout animées par des sujets très concrets relevant de l'organisation pratique de l'établissement et des classes.

Les établissements scolaires sont ancrés dans la vie de nos collectivités et les communautés éducatives y forgent bien souvent des initiatives citoyennes, parfois même des notoriétés politiques locales : par là même, l'instrumentalisation des parents d'élèves ne date pas d'hier. Pour autant, ne soyons pas dupes : l'école française est le reflet des fractures de la société et des doutes de la nation. À l'heure de tous les relativismes et de la remise en cause permanente de l'autorité, elle est une agora où s'importent des débats qui n'auraient pas lieu de s'y tenir ; des formations politiques et des idéologies avancent avec un agenda explicite qui remet en cause des méthodes pédagogiques, des enseignements ou des programmes appliqués dans nos écoles.

Récemment, le parti d'un candidat battu à deux reprises dans les urnes et dont aucun représentant ne siège à l'Assemblée nationale a assumé publiquement faire des élections de parents d'élèves un tremplin facile pour faire exister les idées de l'extrême droite au niveau local. Avec la désinformation et l'appel au lynchage de professeurs comme méthodes, voilà des militants qui rêvent d'importer des États-Unis les antagonismes identitaires en s'en prenant à des contenus, à des expositions ou à des sorties scolaires qui heurteraient leurs convictions ; ils cherchent ainsi à atteindre des professeurs, mais aussi des élus locaux et des responsables associatifs. Pour eux, l'orientation sexuelle demeure un objet de discussion et d'exclusion ; pour eux, célébrer Simone Veil, protéger les droits des femmes et lutter contre les discriminations, c'est donner une tournure insupportable à notre école ; pour eux, la laïcité n'est pas un rempart, mais un problème qui ne permet pas d'affirmer la primauté d'une religion sur une autre. Au fond, ils ne valent pas mieux que les déconstructeurs, les wokistes et les prêcheurs de haine adeptes des idéologies religieuses radicales qu'ils prétendent dénoncer.

Car à l'école, s'il y a l'entrisme des idéologies qui lynchent, il y a aussi l'entrisme des idéologies qui tuent, celui de la bêtise propagée à haute dose sur les réseaux sociaux, celui de la désinformation qui fait le lit des populistes et des obscurantistes, du fondamentalisme islamiste qui a conduit à l'assassinat de Samuel Paty il y a trois ans et de Dominique Bernard il y a trois mois. Tous ceux qui veulent faire tomber la laïcité, la liberté d'enseigner et la culture – y compris quand elle est subversive – portent au fond le même message : la détestation de la République.

Tous ceux qui s'en prennent ad hominem à un membre de la communauté éducative fragilisent l'accès à la connaissance et à la liberté que permet le savoir. On peut discuter de tout à l'école, mais pas des savoirs incontestables. C'est pourquoi le devoir de l'école française, c'est de mettre dehors tous les fanatismes, tous les relativismes et toutes les idéologies de haine.

1 commentaire :

Le 24/01/2024 à 21:04, Aristide a dit :

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L'égalitarisme est une forme d'idéologie de haine, née de la jalousie.

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