Intervention de Marie Pochon

Séance en hémicycle du mardi 16 janvier 2024 à 21h30
Position de la france sur les accords de libre-échange

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

L'accord avec la Nouvelle-Zélande soumettra les éleveurs ovins européens à la concurrence de 38 000 tonnes supplémentaires de viande – quasiment 50 % de la production des éleveurs français spécialisés –, vendue à des prix imbattables : 10 euros le kilo d'agneau néo-zélandais contre 23 euros le kilo d'agneau français.

Et là-bas, c'est pire. Pour répondre à la massification des échanges, la spécialisation et l'intensification des pratiques agricoles sont inévitables, et avec elles l'utilisation accrue de produits phytosanitaires, l'effondrement de la biodiversité, la baisse de la fertilité et l'érosion des sols. Ainsi, 30 % des pesticides utilisés au Brésil ne sont pas approuvés dans l'Union. En outre, les firmes de l'agro-industrie continuent de tirer profit à l'export de ces mêmes pesticides toxiques que nous interdisons ici.

Ces accords ne sont pas soutenables. Vous l'aurez compris : nous, écologistes, souhaitons que la France continue de s'opposer à ces accords destructeurs, négociés dans l'opacité la plus totale. Le mandat de négociation pour l'accord avec le Mercosur, donné en 1999, ainsi que les négociations qui ont suivi, ont été tenus secrets jusqu'en 2019. À ce jour, nous n'avons accès à aucun texte, alors que l'accord pourrait être finalisé le mois prochain.

Partout sur le continent, l'extrême droite se repaît de ces décisions lointaines qui ne ressemblent en rien aux ambitions écologiques affichées en « quatre par trois » dans vos opérations de communication.

La défiance des milieux agricoles et de nos concitoyens grandit face à cette dérégulation à outrance, quand l'inflation des prix de l'alimentaire côtoie la baisse des prix des produits agricoles pour les agriculteurs.

Emmanuel Macron disait tout à l'heure qu'il fallait défendre la France du bon sens contre la France du fracas. Qu'est-ce que tout cela, sinon le fracas ? Où est le bon sens ? Nous, écologistes, défendons l'Europe du bon sens, dix-huit ans après le référendum piétiné de 2005. Nous voulons plus d'Europe : plus d'une Europe qui ne soit plus un vaste marché libéral qui facilite les échanges de biens en bâtissant des barrières contre les humains ; plus d'une Europe écologiste ; plus d'une Europe sociale, qui protège les travailleurs et les plus vulnérables ; plus d'une Europe de l'accueil. Nous, écologistes, voulons plus d'une Europe politique, qui ne peut être que résolument démocratique, loin de ces accords opaques.

En 1996, à l'occasion de la déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, la souveraineté alimentaire était définie, pour la première fois, comme le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de produire son alimentation de base, en respectant la diversité culturelle et agricole. Cela devrait être notre seul cap, pour notre pays et pour l'Europe.

Il est temps que les règles du commerce international bénéficient aux gens, et non plus aux grandes firmes multinationales. Nous, écologistes, serons toujours là pour vous le rappeler.

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